Chronique du Vieux-Lille (Michel L’oustalot)

Au printemps dernier Emme, le roi autoproclamé de la rue d ’Angleterre, recevait en son fief une classe de l’école Lamartine.

Ils sont arrivés se tenant par la main, miraculés des averses qui avaient détrempé le quartier, accompagnés par Pascale leur professeure. La devise : bon pied, bon œil… et bonne oreille. Le ciel s’éclaircissait. Le soleil et le roi éponyme ne pouvaient faire faux bond pour les 350 ans du rattachement de Lille à la France.

Il y avait Hadja, Joséphine, Sakina, Inès, Gaspard, Hyppolite, Florent, Armel, Youssef, Zacharia et tutti quanti. 

Ils ont joué à Louis XIV

Sur la pelouse de l’avenue du Peuple belge, l’un d’eux a bien voulu faire le Roi ; en 1668, il aurait dû nager, c’était alors le port de la Basse-Deûle. Certains savaient. Ils ont longé Comtesse, se sont intéressés aux plantes médicinales  du jardin jouxtant le bâtiment de la Communauté. Sous le caillebotis qui longe le mur sud, ils ont aperçu l’eau du canal Saint-Pierre qui alimentait le moulin. Un vestige demeure : un mur ajouré en briques rouges sur la rue de la Monnaie. Accessible lors des journées du patrimoine, le canal ne manquerait pas de recevoir leur visite. A l’angle de la rue d’Angleterre, avec un nouveau Louis XIV, ils ont imaginé le roi dans la Collégiale Saint-Pierre, ce bâtiment  qui tenait de la cathédrale, du cloître et de l’église. Il occupait l’espace entre la Basse-Deûle et l’actuelle place du Concert. Louis avait juré de respecter libertés et privilèges des Lillois. La Collégiale codirigeait les affaires de l’Hospice, richement pourvu par la Comtesse Jeanne : carte de pêche, permis de construire d’un moulin à vent ou à eau, les minots ont compris le business : à Comtesse, on passait à la caisse. 

Ils ont joué les voyeurs

Avec un nouveau roi, la troupe s’est faufilée dans l’entrée du n°8. Les enfants ont imaginé les pèlerinages dès le douzième siècle en l’honneur de Saint-Thomas, assassiné dans sa cathédrale de Canterbury. Les pèlerins emportaient une eau lustrale qui guérissait tous les maux, ou presque. Toujours la religion et la monnaie. Au n°28, les CM2 ont profité des fentes de la porte pour apercevoir derrière le haut mur surmonté d’un arc en plein cintre une cour pavée, la façade très symétrique, dépouillée, aux larges fenêtres d’un hôtel particulier de style « à la française ». Dans le fond, immense, un jardin. Vision volée, visiter c’est aussi profiter des opportunités ! La visite s’arrêtait au carrefour : en 1668, le rempart passait dans le premier tiers de la rue Danel… et la rue Royale s’apprêtait à voir le jour. Ils sont repartis, se tenant par la main, ils n’étaient pas pressés. Les remerciements ont fusé, quelque chose d’intense  venait de se passer. Pour ces enfants, un ancrage dans un lieu et une histoire que jamais ils n’oublieraient. 

 

Eponyme : qui porte le même nom

Lustrale : qui purifie

 

Agenda :

Visites dialoguées et burlesques de la rue d’Angleterre, journées du patrimoine, 15 et 16 septembre

 – Inscription : mloustalot @free.fr 

        www.jep.lille.fr

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