Les illuminations de la ville ne brillent pas pour tous de la même façon

L’arbre tout illuminé 
Quand je sors de chez moi, à gauche, je vais chez Brice ou à l’église, mais c’est plus rare ; à droite, au Café Romain du rond-point du serpent. Ce jour là il y avait Nénés et Martin, et puis aussi Jacqueline, Flora et Odette. Tiens y manquait la Cathy, c’est curieux, un jour de marché. D’habitude, elle vient boire son calice avant d’aller préparer le repas de son Alphonse. Ce matin dans les halles, Alain proposait des pieds de porc, c’est bon les pieds de porc mais c’est spécial, faut les digérer.. J’suis pas amateur, si y en a, je les mange, mais j’en raffole pas. Au Café Romain,  on n’entendait que le pinson dans sa cage et le glou glou de la carpe dans son aquarium. Il n’est pas bavard le patron, alors on écoutait en silence le temps qui s’égrenait sur l’horloge. On n’est pas pressé, on est tous retraités ! Martin travaillait à l’usine de Fives, Nénés a toujours été en invalidité, Jacqueline était femme de ménage chez des riches de la rue d’ Isly.

Flora ne faisait rien qu ‘à attendre son homme, et Odette travaillait comme fille de salle au chr.

-Cathy, l’est toujours pas là.

-Remets nous la même chose. -Tiens v’là Alphonse.

-Z’ avez pas vu ma femme? On va manger à quelle heure avec ses bavardaches ?

-Tu sais, on  est toute une vie ensemble, et puis un jour tu apprends que ta femme te trompe, ça se pourrait, hein Nénés ? 

-Qui qui en voudrait de ma Cathy, à son âge, allez, raconte pas de conneries. Je sais même pas à quelle  banque on a un compte. Depuis le lendemain de notre mariage, elle s’est occupé de tout, elle me donne ma semaine, je lui donne ma paye et j’suis bien heureux comme ça.

-Soyez sympa, rigolez pas les copains !

Pour Alphonse ce fut un choc, surtout pour rentrer rue d’Iéna. Avec le temps on s’y est habitué, on s’habitue à tout, même au pire. Depuis on l’appelle la Rosette, comme le saucisson. Un mois rose, un autre, violet, un autre jaune citron, c’est devenu l’attraction de la rue des Postes à la rue d’Aboukir, mais Alphonse n’est plus comme avant. Il se demande si elle ne fait pas ça pour plaire aux hommes, il se méfie.

il faudrait leur illuminer la tête

– à Lille, la mode est au stationnement en double file. Pourquoi se gêner, les autres attendront.

– Déposer un  chèque à la banque : warning !

– Attendre sa femme devant les Aubaines : warning !

– Commander un Kebab : warning !

La liste des excuses est interminable, la police municipale conseille de ne pas rester garé à cet endroit, mais ne sévit pas trop. Quelle importance ? vivons cool. Eh bien oui, Lille est embouteillé, pas à cause du changement du plan de circulation mais de quelques olibrius qui se foutent bien des autres. Et tous ces jolis vélos offerts aux enfants pour les vacances ou en récompense du passage au collège, que vont-ils devenir quand la nuit  tombera en novembre vers 16h30, heure de la sortie des écoles ? Vous les retrouverez sur le chemin des écoliers, sans phare à l ‘avant ni feu à l’arrière. Menés à toute vitesse par de jeunes adolescents, inconscients du danger, par- ce qu’à cet âge là, on n’a peur de rien, on se moque du danger. La mort, c’est si loin pour un gamin de douze, treize ans . Mais comment peut on vendre de tels engins ?

Ils passeront le réveillon au paradis du perroquet

Mimile et Rosa ont économisé toute leur vie pour s’offrir le paradis : un mobil home à Bray dunes, au camping du Perroquet. Elle a mis des rideaux à fleurs aux fenêtres, un canapé en skaï blanc, des napperons brodés sur le buffet et un poste de télévision à écran plat. Mimile a planté autour de leur parcelle des rosiers et un petit olivier pour faire Provence. Pour y accéder, il y a une petite barrière blanche, une allée en gravier et une cigale en terre cuite. Dés le printemps, ils filent à Bray Dunes, ils reviennent de temps en temps rue du Marché pour voir s’ils n’ont pas été cambriolés et dire un bonjour aux copains du café Romain. Ils ne sont pas égoïstes, tout le monde peut aller les voir, il y a toujours un coup de Ricard ou de Porto à boire. Ils sont heureux et on les envierait pour moins que ça. C’est sûr, des mauvaises langues  disent que c’est pas clair ! avec ce qu’il gagnait comme magasinier, son salaire n’ était pas lourd. Mais on ne les a jamais vu au bistrot, ils ne partaient pas en vacances, pas de frais de toilettes et ce n’était pas des gros mangeurs. Un seul objectif, pour leur retraite, leur mobil home.

 Place de la Solidarité ex-place des Quatre chemins, un jour, vers midi,

Je te le dis comme je te le dis, on m’empêchera pas d’élever mes coulons où je veux et jusqu’à ce que j’en ai envie, zut !Moi qui recueille même les zozieaux de la rue, faut pas raconter que je n’ai pas de cœur. Laissez moi vivre heureuse et tranquille au pied de mon kiwi ! C’est tout ce que je demande. Nom de diou, Serge, viens vir, c’est pas Jihem qui prend le soleil au bord du pneu, y est pas gêné, y s’est même ramené un fauteuil !
C’est carnaval avant l’heure, Eh! y a aussi Franck et Quentin du bar tabac ‘Le Romain’, mais c’est  quoi cette rue ?

-T’énerve pas ma poule, c’est l’équipe du festival mon film de Wazemmes qui fait le buzz, comme y disent.

-C’est bien ce que je dis. C’est carnaval avant l’heure, ah je te jure, si la rue des Postes n’existait pas il faudrait vraiment l’inventer.

 

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