Marguerite Duras écrivait en 1993 : « Ecrire, c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit »
Les écrivains et les auteurs de toute forme de l’écrit sont souvent discrets. Concentrés sur les mots et les phrases à déposer sur le papier, ils se taisent, seuls face à leurs manuscrits qu’ils aiment, triturent, rejettent, corrigent, reprennent… jusqu’au jour où le texte se dévoile aux regards étrangers. Alors leur livre, leur article, leur scénario… devient cri, distraction, amusement, enseignement, émotion. Les auteurs offrent ainsi aux lecteurs une profusion de mélodies pour satisfaire les goûts de chacun… telles les partitions d’une musique devenue concerto ou symphonie. Pour écouter les écrivains des Hauts-de-France et d’ailleurs, soyez donc les bienvenus sur leur nouveau site www.ecrivainshdf.com et sur les pages de cette Gazette de Lille.
Elisabeth BOURGOIS
Présidente « Ecrivains des Hauts de France »
Tous sont unis par la passion de l’écriture, par la richesse de leurs talents, la diversité de leurs expressions littéraires et leurs multiples actions et engagements pour tous ceux qui ont besoin d’eux. Il n’y a pas de petits ou grands écrivains, mais des hommes et des femmes heureux de partager le même « violon d’Ingres » : être auteur d’un écrit.
Au fil de l’actualité vous découvrirez toutes les facettes de l’action des écrivains, dans le domaine de l’écologie du livre, de leurs conférences, de leurs interventions en milieu scolaire et universitaire et en centres pénitenciers, de la mise en valeur du patrimoine littéraire de la Région, de leurs participations à de nombreux salons du livre et à des rencontres de formation et d’informations spécifiques à l’écriture et à l’édition…
Nous sommes à votre service.
En littérature, nous étions premiers de la classe !
Autrice, comédienne, chroniqueuse, Annie Degroote a signé une vingtaine de romans, pour la plupart en hommage à son Nord natal. Nombre de ses titres sont adaptés en format poche et en livre audio. Annie Degroote est lauréate de plusieurs prix littéraires ainsi que la Médaille d’Or de la Renaissance française pour le rayonnement culturel.
Dans la région, nous eûmes au XIe siècle, notre Alain, non pas le philosophe, mais un Lillois, théologien : Alain de Lille, recteur de l’université de Paris, nommé « le directeur universel ». Quelques-uns de ses proverbes ont traversé le temps. Si je vous cite « Après la pluie, le beau temps », n’est-ce pas une expression qui résume bien la mentalité du Nord ? Et si l’on transformait son célèbre « Tous les chemins mènent à Rome » par : « Tous les chemins mènent au Nord » ?…
Le premier poème de la littérature française ! Imaginez la plus belle bibliothèque du Nord-Pas-de-Calais, logée dans l’ancien collège des Jésuites de Valenciennes, et que trouvons-nous en son sein ? : La Cantilène de Sainte Eulalie. Il s’agit du plus ancien texte connu en langue française ou romane. Ce poème fut composé à l’abbaye de Saint-Amand peu après 878, à la gloire de sainte Eulalie, chrétienne du IVe siècle. Il fut découvert à Valenciennes en 1837. Il raconte l’histoire de la jeune fille de treize ans qui refusa de renier sa foi dans le Christ, plutôt que de succomber au diable. Elle subit son martyr avec un courage exemplaire. Le texte s’achève sur l’image d’une colombe qui sort de sa bouche lorsqu’elle expira, et d’une prière.
Première représentation théâtrale et Chambres de Rhétorique :
La première représentation profane sans latin, en langue vernaculaire, eut lieu à Arras, vers 1200 : « le jeu de Saint Nicolas » par le poète, auteur, et jongleur Jean Bodel. A cette époque, Arras « La belle muse », était terre d’élection des troubadours du XIIIe siècle. Elle était considérée comme le plus grand centre littéraire urbain de toute l’Europe, « ville aux 80 poètes », et de grands poètes et trouvères rayonnaient comme Adam de la Halle. Ces textes lyriques dialogués faisaient participer deux trouvères ayant des avis différents et qui s’en remettaient à un arbitre, activité qui reste une spécificité du nord de la France.
Il n’est guère étonnant que la région vit pulluler « les Chambres de Rhétorique ». Qu’était-ce ? Des sociétés littéraires créées dès le XIVe siècle en Artois et en Flandres. Presque chaque village possédait sa guilde poétique et montait des drames bibliques ou des farces chantées et dansées. Ces confréries culturelles avaient aussi une fonction de solidarité entre les membres d’une même corporation de métier, et elles furent, avant les associations sociales et ouvrières du Nord, des centres de contestation en s’opposant souvent au pouvoir en place ! Elles avaient leurs poètes, leur Hérault chargé des invitations, le valet qui préparait la table de fête, leur Prince, et leurs livrées. Les nouveaux venus juraient le secret et prêtaient serment sur le Livre d’Or, parfois sur une médaille reçue naguère de l’empereur Charles Quint en signe de haute protection. Après une prière à la Vierge, ils composaient chansons, vers et bons mots autour de franches «lippées».
Aux XVIe et XVIIe siècles, un grand faste les caractérisait : des défilés avec bannières, chevaux, chars, trompettes et tambours attiraient la foule venue se réjouir à la Kermesse ou à au concours inter-village… de poésie ! Elles ont survécu dans les orphéons et les revues locales, comme à Hazebrouck, qui continuent d’égratigner gentiment les personnalités publiques. La plupart étaient masculines. Quelques-unes étaient mixtes. Il y eut des guildes féminines dont la reine était choisie par un « Jeu de l’oie ».
Annie DEGROOTE
Du roman à la BD, par WINOC
Troisième adaptation d’un roman en BD par l’auteur lillois WINOC. Après « Les Déracinés » de Catherine BARDON et « La commode aux tiroirs de couleurs » d’Olivia RUIZ, c’est au tour des « Sirènes de Bagdad »
de Yasmina KHADRA d’être porté en image.
A chaque fois, l’initiative du projet est différent, le travail et le résultat aussi…
Pour « Les Déracinés », c’est l’autrice elle-même, Catherine Bardon, qui avait envie de cette adaptation et qui l’a proposée à Winoc après avoir découvert et apprécié son travail lors d’un salon du livre de Bondues. Ils ont donc écrit le scénario de cette adaptation ensemble. Pour « La commode », c’est l’agent littéraire d’Olivia Ruiz qui avait vu la possibilité d’une adaptation dès l’écriture du roman et qui a insisté pour qu’elle se fasse dans la foulée. Winoc a cette fois travaillé le storyboard sur une base scénaristique de Véronique Grisseau, et Olivia Ruiz est intervenue en relecture et correction sur ce premier jet visuel.
Ces deux adaptations ont donc été réalisées avec le concours actif des autrices des romans, et les choix narratifs et visuels validés par ces dernières. Il n’en est pas de même pour l’affaire Khadra !
Les maisons d’écrivain et des patrimoines Littéraires des Hauts-de-France
Le Réseau régional des maisons d’écrivain et des patrimoines littéraires des Hauts-de-France poursuit depuis 20 ans une même mission de valorisation du très riche patrimoine littéraire régional, d’abord à l’échelle de l’ancienne Picardie et depuis 2017 à celle de la nouvelle région.
Le Réseau a pour objectifs de :
Rendre visible et de valoriser le patrimoine littéraire et muséal régional, de favoriser et d’accompagner la professionnalisation de ses structures membres, d’initier une politique événementielle commune en organisant diverses manifestations, de développer la connaissance du patrimoine littéraire comme ressources aux projets d’Éducation Artistique et Culturelle et de prévention / lutte contre l’illettrisme, et enfin de coordonner ces projets avec ses adhérents.
Le Réseau repose sur trois piliers:
- Patrimonial : 16 maisons-musées dont 9 Maisons des Illustres et 4 musées de France
- Institutionnel : 6 bibliothèques patrimoniales, dont 4 bibliothèques municipales classées et 2 archives
- Associatif : 13 associations d’amis d’écrivain et 3 soutiens individuels.
Les adhérents qui composent le Réseau représentent une centaine de professionnels, autant de bénévoles et accueillent près de 200 000 visiteurs par an. Il constitue un maillage culturel de qualité.Le Réseau représente des écrivains du IXe au XXe siècle, et tous les genres littéraires.Il raconte l’histoire de la langue française et de la littérature.
Le « feel-good » : Un nouveau genre littéraire… quand il n’ y a pas de mal à se faire du bien…
Il y a quelques mois, Il est grand temps de rallumer les étoiles, de Virginie Grimaldi, fut élu « roman préféré » des français, au grand étonnement de certains médias littéraires. La suite du classement fait apparaitre les noms de Mélissa Da Costa, Agnès Martin-Lugand, Maud Ankaoua ou encore Valérie Perrin, autant d’autrices rassemblées sous l’étiquette, un peu rapide, de « feel-good ». Ce nouveau genre, qui a envahi les têtes de gondoles et les rayons de librairies, est décrié par les critiques, mais réclamé par les lecteurs. A l’évidence, s’il ne rassemble pas, au moins fait-il couler beaucoup d’encre. Mais pourquoi un tel engouement ?
La question semble d’autant plus légitime que, jusqu’à présent, aucune définition claire du genre n’a réellement vu le jour. D’aucuns ont tenté d’avancer des critères, pour mieux s’apercevoir qu’il n’existait pas un « feel-good » mais plusieurs nuances de feel-good, comme l’affirme Hubert Artus, journaliste pour Lire, le magazine littéraire, qui a consacré son numéro de février à la question. Ainsi faut-il distinguer, par exemple, les ouvrages de développement personnel, tels ceux de Laurent Gounelle ou Raphaëlle Giordano, des romans de pure fiction, parmi lesquels ceux de Katherine Pancol ou des auteurs de la récente collection Instants Suspendus (éditions L’Archipel), spécialisée dans le domaine.
L’objectif de l’ensemble de ces titres reste cependant le même : permettre au lecteur d’opérer une forme de catharsis et de s’engager sur un chemin de résilience. De ressentir. De pleurer, de rire, et, le plus souvent, de réfléchir également. Ces livres sont loin d’être légers, n’en déplaise à certains. Au contraire, ils abordent des sujets parfois très difficiles, créent des émotions et tentent de peindre la vie telle qu’elle est, c’est-à-dire parsemée d’obstacles mais aussi de grandes joies. La très prestigieuse Sorbonne s’est d’ailleurs emparée de la question, puisqu’elle a organisé un colloque sur le sujet les 27 et 28 juin dernier, donnant ainsi ses lettres de noblesse à cette littérature. Preuve que ce genre, aussi critiqué soit-il, a encore de beaux jours devant lui !
Dorothée Catoune
Les sirènes de Bagdad
Cette fois, l’initiative vient de l’éditeur Philéas, éditeur spécialisé dans l’adaptation BD, chez qui Winoc a publié « Les Déracinés ».
A la suite de cette première collaboration, l’éditeur a demandé à Winoc quels auteurs il aimerait adapter, et parmi les noms cités se trouvait Yasmina Khadra. Cette fois, Winoc est seul aux commandes. Scénario, dialogues, storyboard, dessin, couleur, il signe tous les postes, seul maître à bord.
Certains diront « adapter, c’est trahir », et c’est vrai que le changement de média implique des articulations narratives différentes, avec des choix dans ce qui sera conservé, abandonné, et développé. Mais adapter c’est aussi et surtout proposer une incarnation des personnages, avec une gestuelle de corps et de visage qui donneront un son et une couleur particulières aux dialogues. C’est aussi transposer une ambiance descriptive en une ambiance visuelle, passer de la poésie des mots à la poésie des couleurs… tout en conservant quelques mots. Car c’est là la spécificité de la BD sur le cinéma : avoir à sa disposition le texte et l’image pour embarquer le lecteur dans l’aventure. L’un n’étant pas subordonné à l’autre mais les deux retissant ensemble l’essence et la sensibilité du roman d’origine.
« Les sirènes de Bagdad » parlent du choc de deux cultures, occidentale et moyen-orientale, au moment de l’invasion Irakienne post 2003. Le héros est un jeune bédouin qui a horreur de la violence mais qui, à cause de ce choc des cultures, va devoir défendre un honneur familial bafoué…
Ed Phileas