Crowdfunding

Crowdfunding : une néolibrairie pas comme les autres

Le 26 Novembre 2021, le petit local commercial (moins de 9 mètres carrés) situé au 90 rue Pierre Mauroy, en face du parvis Saint Maurice, s’est illuminé à nouveau.

Ce minuscule espace – sans doute le plus petit commerce de Lille – a été occupé pendant prés de 30 ans par une figure atypique : celle de Philippe Clabaut, sosie de Johnny Halliday et coiffeur de son état. Un an après la mort de son idole en décembre 2017, il range ses ciseaux pour une retraite bien méritée. Il faut alors attendre prés d’un an et quelques travaux pour qu’aux premiers jours de 2020, ouvre une agence de voyage, bien mal inspirée. En effet, le COVID frappe quelques semaines plus tard, provoquant la fermeture rapide de l’agence et la reconversion de son espace une agence immobilière bien à l’étroit.

C’est sur ces entrefaites que débarque dans le Nord un quarantenaire lyonnais en pleine reconversion professionnelle, porteur d’un projet inattendu : ouvrir la toute première librairie consacrée à l’auto-édition. Cette pratique – qui consiste à se passer d’un éditeur et d’un distributeur pour avoir un contrôle total sur sa création et mieux se rémunérer – est en pleine expansion depuis l’apparition, au début des années 2010, des plates-formes de crowdfunding.

Le crowdfunding -ou financement participatif- permet à des artistes de financer le tirage de leur œuvre avant même qu’elle soit finalisée. Sur des plates-formes sur le net comme Ulule, Kickstarter ou KissKissBankBank, ceux-ci proposent en prévente leur futur ouvrage, assorti de bonus exclusifs. Si au bout de 30 jours, l’objectif financier est atteint, l’artiste peut éditer son œuvre, l’imprimer puis l’envoyer aux contributeurs.

C’est après que cela se complique : les artistes, en décidant de s’autopublier, se coupent du circuit classique du livre. Quelques rares libraires peuvent au mieux leur proposer du dépôt vente: une solution qui ne satisfait personne. Pour autant, l’autoédition a le vent en poupe. Les artistes vendent directement leurs ouvrages sur leur site internet ou lors de conventions. Si dans le circuit classique, seulement 8% du prix du livre revient à son auteur, ce pourcentage peut bondir jusqu’à 40% en autoédition. L’addition est vite faite : même en vendant 5 fois moins, les artistes restent gagnants !
C’est avec ce constat entre les mains et la volonté de proposer une alternative au circuit classique du livre, que Xavier Lancel choisit Lille pour implanter crowdfunding, sa micro-librairie consacrée 100% à l’autoédition. Et de faire la part belle aux artistes locaux , symboles d’un circuit court poussé à son extrême !

A chaque numéro de La gazette, il vous proposera une sélection des œuvres de ces producteurs locaux de culture, qui ont enfin un lieu qui les met en avant.

Xavier Lancel

Total
0
Shares
Previous Article

Hommage vibrant aux travailleurs

Next Article

La Grand-Place de Lille, centre de la ville depuis plus de mille ans

Related Posts