Editorial : Ecrivains des Hauts-de-France

Articles « Ecrivains des Hauts-de-France »

Gazette de Lille de juin 2023

« Ecrivains des Hauts-de-France », association créée en mars 2022, accueille déjà plus de 120 adhérents. Ses membres sont des auteurs de tous genres littéraires et choix éditoriaux, ainsi que des professionnels de l’écrit (journalistes, correcteurs, biographes, scénaristes, traducteurs etc…). Son but essentiel est la mise en valeur des écrivains de la Région et de leurs écrits, à travers diverses actions vers le grand public. En lien avec tous les organismes professionnels de la chaîne du livre, elle est comme un « GPS » pour les auteurs grâce aux conseils, aux rencontres professionnelles et amicales, et à la transmission d’informations utiles. Les articles qui suivent, présentent une petite facette de l’actualité de ses membres dont leurs nouvelles parutions. De magnifiques projets sont en cours !

Le site sera en ligne fin juin : www.ecrivainshdf.com

Elisabeth BOURGOIS – Présidente « Ecrivains des Hauts de France »



Patrimoine, Histoire et Littérature

Juin 2023 à Villers-Cotterêts… de François 1er à Alexandre Dumas


Le château de Villers-Cotterêts, situé dans un écrin de verdure, devient la Cité internationale de la langue française. Celle-ci ouvre ses portes au public en juin  2023.

C’est un lieu chargé d’histoire et de symboles. Connu de tous comme étant le site où François Ier parapha la fameuse ordonnance qui imposa, en 1539, l’usage du français dans les documents administratifs et judiciaires jusqu’alors rédigés en latin, le château de Villers-Cotterêts, plusieurs fois réhabilité au cours des siècles, va devenir le premier établissement culturel entièrement dédié à la langue française et aux cultures francophones.

Une plongée au cœur de notre Histoire.

C’est à Villers-Cotterêts que naît le 14 juillet 1802 l’immense Alexandre Dumas.

« Une des plus grandes joies de ce monde est d’être né dans une petite ville… » Par-delà le transfert de son corps au Panthéon en 2002, Alexandre Dumas est partout présent dans sa ville natale. « Je suis né à Villers-Cotterêts (…) à deux lieues de Ferté-Milon, où naquit Racine, et à sept lieues de Château-Thierry, où naquit La Fontaine. » D’emblée, l’écrivain se place au faîte de la littérature française… et au centre des Hauts-de-France !

Marcher dans les pas de Dumas à Villers-Cotterêts est une aventure, digne d’un roman de cape et d’épée.Au cimetière, il demeure en esprit aux côtés des siens. Au château royal, son maître d’armes lui donna ses premières leçons. Au pavillon Henri II, il rendait visite à son parrain Deviolaine, inspecteur de la forêt. Sur la Grand’Place, à deux pas de l’Ecu de France que tenait son grand-père maternel, l’écrivain exprime toute sa puissance : sa statue nécessita la coulée de deux tonnes de bronze. Au travers de ses Mémoires, Dumas nous emmène jusqu’à sa maison natale au 46 de la rue qui porte son nom.  Rue du Général Mangin, il se souvient avec émotion de l’hôtel de l’Epée où s’éteignit son père en 1806. Il sourit en repensant au Collège de l’Abbé Grégoire, devenu l’école maternelle Dumas.

« Une rosée, qui ressemblait fort à une averse, tomba sur moi… Je levai les yeux : chaque élève, sur un tonneau, posait dans l’attitude et dans l’action du Manneken-Pis de Bruxelles. Les grandes eaux jouaient pour mon arrivée. »

Installé dans un hôtel particulier au 24 de la rue Demoustier, le Musée Alexandre Dumas constitue le point d’orgue du parcours. Singulier destin que celui de Thomas-Alexandre Davy de la Pailleterie, fils d’un marquis normand et de l’esclave Marie Césette Dumas !

Il arrive en 1789 à Villers-Cotterêts avec les Dragons de la Reine pour protéger la ville. Et tombe amoureux de Marie-Louise Labouret, la fille de l’aubergiste. Premier général métis de la République, il participe aux campagnes de Bonaparte, mais tombe en disgrâce sous Napoléon.  A l’image du portrait du général Dumas ou des manuscrits originaux du Comte de Monte Cristo, le musée nous plonge au cœur de l’œuvre et de la saga familiale. Le musée est le seul à réunir les trois Dumas.

La forêt de Retz

Orphelin sans le sou, Alexandre Dumas n’a jamais appris à écrire : ses instituteurs furent les gardes forestiers et les braconniers. Dans Le meneur de loups, il situe l’action « au plus bel endroit de la forêt » à Oigny-en-Valois. Ici, on cueille les mûres, les champignons. Comme Dumas enfant, les gens vivent de la forêt. En forme de fer à cheval, elle porte bonheur. La forêt domaniale de plus de 13 000 hectares est riche de son histoire royale, de ses futaies, « les plus beaux hêtres et les plus robustes chênes de toute la France » selon Dumas.

A l’est, se dresse l’église abbatiale de Longpont, démantelée à la Révolution. Derrière le romantisme des ruines, on accède à l’harmonie du cloître et du cellier, ou à ce chauffoir du 13eme, unique en Europe avec sa cheminée centrale. La famille de Montesquiou d’Artagnan est propriétaire du lieu depuis 1804. Au moment où Dumas s’intéressait au héros des Trois Mousquetaires, une branche de la famille s’installait en forêt de Retz.  Les clins d’œil abondent. Au départ du Parc du Château de Villers-Cotterêts, la randonnée de La Salamandre emprunte l’Allée Royale, mène jusqu’au regard Saint-Hubert et la laie des Pots avec ses conduites, ses aqueducs, ses voûtes, permettant de recueillir les eaux de pluie pour alimenter le château et les fontaines de la ville. Enfant, Dumas se réfugiait à l’étang de Malva.

Au château de Montgobert, il visite Pauline Bonaparte. Au château de Villers-Hélon, il plonge dans la bibliothèque de son tuteur Jacques Collard, et rencontre son ami Adolphe de Leuven qui l’initia à la vie parisienne. Ses premiers souvenirs datent du village d’Haramont, « nid perdu dans la mousse et le feuillage dont la rue principale conduit par une douce déclivité au château des Fossés ». Les hauts murs qui bordent la rue de la Vallée du Baudrimont s’ouvrent sur un château Renaissance où Dumas garde l’image d’un père, force de la nature. La route descend jusqu’aux jardins du Prieuré de Longpré. La pierre dialogue avec les étangs et les jardins de simples, de roses, de buis ou d’ifs superbement taillés. On aimerait être peintre…

La forêt nous ramène à Villers-Cotterêts, juste en face du château royal. « De ce beau château, ancienne maison de plaisance des ducs d’Orléans, la République avait fait une caserne et l’Empire un dépôt de mendicité », écrit-il.

Aujourd’hui, on traverse la cour des offices du château puis le porche d’entrée du logis royal. La cour du jeu de paume tend les bras avec son immense verrière. Une centaine de mots suspendus à dix mètres de haut sont une invitation au voyage, et à la découverte de la Cité internationale de la langue française.

Clément Marot et François Rabelais séjournèrent dans cet unique château royal de la Renaissance en Picardie. Molière y présenta Tartuffe. Et Victor Hugo confia : « Le nom d’Alexandre Dumas est plus que français, il est européen ; il est plus qu’européen, il est universel. »

A l’image de la langue française…

Hervé LEROY

A lire : Le meneur de loups et Ange Pitou : les romans où Alexandre Dumas évoque le plus l’atmosphère de son enfance. Il situe une partie de l’intrigue de Catherine Blum à la Maison forestière de Maison Neuve. Et bien sûr Mes Mémoires (Tome un. Collection Bouquins / Robert Laffont)

Cité internationale de la langue française : du mardi au dimanche de 10h à 18h30
Adresse : 1, place Aristide Briand – 02600 – Villers-Cotterêts



Les donneurs de voix  – de l’Art de partager le plaisir de lire

BIBLIOTHEQUE SONORE DE France : lire pour ceux qui ne le peuvent pas.


Depuis 50 ans, des bénévoles se mobilisent pour partager le plaisir de la lecture avec toute personne empêchée de lire pour une raison médicale. A l’origine en 1972, Charles Wannebroucq, ophtalmologiste à Lille, constatant qu’avec l’âge ses patients avaient de plus en plus de difficultés pour lire, a eu l’idée de la première Bibliothèque Sonore.  50 ans après, une importante organisation est à l’œuvre, 3000 bénévoles s’activent au sein de 106 bibliothèques sonores réparties dans toute la France.  A Lille plus de 140 bénévoles se mobilisent, ils n’ont rien à vendre mais tout à donner.

Que donnent-ils ? Certains donnent leur voix, on les appelle des « donneurs de voix » (DDV). Ils enregistrent livres et revues à leur domicile. C’est une opération chronophage : 1h00 d’écoute nécessite préalablement 3 à 4h de travail. Pour que l’écoute soit agréable, il est nécessaire que le donneur de voix ait choisi un livre qui lui plaît.  Plus nous avons de donneurs de voix, plus les livres proposés sont variés. Nous essayons de proposer tous les thèmes de lecture. Certains audio lecteurs nous ont remercié sur l’éclectisme des livres mis à disposition. Un catalogue de plus de 3 800 ouvrages est à la disposition de nos audio lecteurs. Mais d’autres donnent leur temps, on les appelle les « donneurs de temps ». Ils permettent à la voix du donneur d’arriver à l’oreille du bénéficiaire appelé audio lecteur.

Qui sont les audio lecteurs ? Comme notre fondateur était ophtalmologiste, nous nous adressions depuis notre fondation aux aveugles et mal voyants. Actuellement le profil de nos audio lecteurs a évolué. Les adultes sont inscrits pour différentes raisons, il leur faut uniquement une raison médicale les empêchant de lire. Les jeunes, en plus de leur apporter de la lecture loisir, sont accompagnés dans leurs études en leur fournissant le livre de français étudié en classe. Cela va du niveau primaire au lycée.

Si vous avez du temps, vous pouvez nous rejoindre en tant que bénévole. Si vous-même ou quelqu’un de votre entourage souhaite bénéficier de nos prestations, n’hésitez pas, elles sont gratuites. Et si vous souhaitez nous soutenir, vos aides sont les bienvenues.

Bibliothèque sonore de Lille –  03 20 04 97 41
Contact mail : 59L@advbs.fr



De l’aventure d’un jeune auteur devenu grand :
Franck Thilliez


« Au début, j’ai sorti les rames ! Aucun retour sur mes envois de manuscrits qui me coûtaient très cher en timbres ».

Cette confidence rassurera tous les écrivains en herbe qui attendent fébrilement la réponse d’un éditeur. Les plus grands sont passés par là. A commencer par Franck Thilliez, le maître du thriller, qui décrit avec humilité ses premiers pas littéraires laborieux. Un an de refus avant le premier coup de téléphone libérateur qui vous fait entrer enfin dans le monde des auteurs publiés avec, à la clé, des lecteurs, lesquels vous extraient subitement du travail de l’ombre et de la solitude.

Scénariste, traduit dans le monde entier, chacun de ses romans s’arrache à plus de 300.000 exemplaires et la source n’est pas près de se tarir si l’on en juge par l’enthousiasme du public aulnésien, accouru en février dernier à la médiathèque pour écouter son chouchou et frémir, peut-être, à l’évocation d’un crime de sang dont il s’est fait une spécialité. La centaine de fans n’a pas été déçue. Franck Thilliez, interviewé avec subtilité par Hervé Leroy, ancien journaliste et lui-même auteur, est bien loin de l’image qu’il renvoie dans ses récits glaçants. Pendant plus de deux heures, il a répondu à toutes les questions et s’est prêté avec chaleur à la séance de dédicaces et aux sollicitations de selfies.

Non sans distiller quelques pointes d’humour, du genre : « J’assume le premier livre que j’ai écrit, mais je ne suis pas mécontent qu’on ne le trouve plus. » ou encore : « Chaque fois que je termine un livre, j’ai le cerveau rincé. Il me faut trois ou quatre mois pour me sortir de la panne d’inspiration ».

André Soleau

    Un livre /un arbre

Fidèle au Nord-Pas-de-Calais, c’est en qualité de membre d’honneur de l’association « Ecrivains des Hauts-de-France », que Franck Thilliez a participé à l’action de l’association, intitulée « un livre/un arbre » qui s’est déroulé le 3 février 2023 à Aulnoye-Aymeries, dont le maire, Bernard Baudoux et toute son équipe œuvrent depuis toujours contre l’illettrisme, notamment avec l’association « Mots et Merveilles ».

Cette action met en valeur les nouvelles publications des auteurs : un arbre planté pour un livre édité, sachant que le livre s’inscrit de plus en plus dans une démarche d’écologie respectueuse de l’environnement. Fait de papier, il répond au cycle naturel de l’utilisation de déchets de bois. Sur un plan symbolique, l’arbre s’enracine dans la terre comme les histoires écrites par les écrivains qui font vivre le patrimoine littéraire de la région et de la France.

L’arbre est toujours associé à ce qui est vivant et créateur, comme le livre. Cette action sera renouvelée avec de nombreux écrivains de l’association, en automne 2023.
Si Franck Thilliez se sert avec habileté d’une pelle, ce n’est pas pour dissimuler un cadavre, mais pour planter un arbre…


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