Au grand bonheur des livres

Mon coup de coeur

ce mois-ci : Le grand A

Mon coup de coeur ce mois ci : Le grand A, ou la force d’un roman graphique d’un journaliste et d’un dessinateur. J’en suis devenu fan et admirateur, d’autant plus que j’ai vécu cette épopée commerciale. Mes beaux-parents habitaient à l’époque dans ce coin de France un peu gris. C’était au temps où Hénin-Liétard n’avait pas honte de son nom, avant que l’on y découvre de beaux monts. Où ? Mystère ou imagination de l’adjoint au commerce local.

Dans ces années-là, je connaissais bien la ville, une bourgade symphatique, un centre-ville animé, un marché par semaine des plus plaisants, un restaurant réputé pour sa cuisine et la sélection de ses vins choisis par le patron, fin gourmet et artiste peintre réputé.
C’est le Hénin que je connaissais, celui où les commerçants étaient considérés comme les grands bourgeois dans la ville.
Une petite ville, certes, mais très animée culturellement par une bande de sacrés dégourdis qui s’arrangeaient pour louer la Salle des Fêtes tous les dimanches afin d’y monter des festivals de rock qui attiraient des jeunes à 100 km à la ronde.
Le temps des Chaps, des Sunlights, des Bourgeois de Calais, des Schakrams, même, un mois de mai mémorable : Gene Vincent – c’est pour dire – venu se perdre pour notre plus grande joie dans ce pays de mines et de gueules noires !
Puis le grand A est arrivé ! Oh pas très loin, à quelques kilomètres vers Noyelles-Godault. Au début, les commerçants et les habitants boudaient ce grand bazar mais l’essence moins chère a fini par attirer. Ce samedi de promotion sur le Ricard, deux bouteilles achetées une gratuite, avait beaucoup intéressé mes beaux-parents et leurs voisins du coron. Et puis, les enfants aimaient les restaurants style américain. Petit à petit, le commerce du centre-ville a périclité. Les premiers établissements mis en vente furent rachetés par des pizzerias ou des restaurants à couscous. Mais on ne fait pas un centre-ville dynamique avec une offre de commerces si peu diversifiée. La ville est devenue triste, le marché n’était plus comme avant.
Le grand A a tué mon Hénin : plus de théatre, plus de festival de rock. La promenade du samedi : c’était le grand A !

Plus de vie culturelle, peu d’animations, même le restaurant gastronomique a été vendu. Cette petite cité ouvrière est devenue un fief du front national : fini, mon Hénin… eh bien non à la vie au grand A !
Magnifiquement racontée dans ce livre.
Avec le grand A, il a fallu faire des choix : le ricard en promotion, ou une vie culturelle intense développée par le dynamisme du commerce local ?
Ce bouquin m’a bouleversé, peut-être parce que c’est une partie de ma vie qui a disparu. Il n’y a pas qu’à Hénin les Beaux-Monts, il y a plein d’autres lieux où les centres des villes ont été assassinés par les grands centres commerciaux.
Pourtant, la vie, c’est d’être ensemble. Les villes ont une histoire construite au cours des siècles… triste avenir pour nos successeurs.

Jihem

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