Ecrivains des Hauts-de-France

L’enfant et son livre

Quand je lis, c’est comme si j’étais sur une route, dit l’enfant, et je regarde tout ce qu’il y a sur les côtés : des gens gentils ou méchants, des animaux, des paysages, des cabanes et des châteaux, le soleil et la pluie, les nuages et les étoiles… en fait j’ai voulu montrer ce que je vois dans toutes les pages du livre… c’est vrai, quand j’en lis un, j’oublie les feuilles… et je me promène toujours avec l’histoire, quelque fois c’est trop triste, d’autres fois, c’est super ! Mais j’ai quand même dessiné un livre là-bas, tout au bout du chemin, quand j’ai fini de le lire et qu’il est fermé.

Dans une classe de CM2, une maitresse a demandé aux enfants de faire un dessin sur le livre : « pour toi, qu’est-ce qu’un livre » ? Les enfants ont tous dessiné des livres, sauf un garçon qui a représenté une route. Intriguée la maitresse lui en a demandé l’explication.

Cette histoire reflète la profondeur et la simplicité de l’esprit de l’enfant qui intègre totalement l’histoire qu’il découvre en s’appropriant tous les éléments donnés par l’auteur. En tant qu’auteurs nous devons en avoir totalement conscience. En tant que parents il nous faut aussi ouvrir un livre avant de l’offrir à l’enfant.

Parents, éducateurs et auteurs, nous devons en avoir totalement conscience dans le choix des livres que l’on propose aux enfants.

Vous lirez à ce propos, et ci-après, un article sur un genre : la dark romance, qui inonde le marché, non sans danger pour les adolescents.

Il y a de beaux, de très beaux livres, sans violence, ni massacres à chaque page ! Des livres qui ouvrent l’intelligence aux beautés du monde, à l’Histoire et à celles de tant d’êtres humains, qui font preuve de courage sur les chemins parfois tortueux de la vie. A vous les lecteurs jeunes et moins jeunes, nous souhaitons de jolies promenades sur la route exceptionnelle des livres. Qu’ils vous apportent distraction, enrichissement intellectuel et ouverture aux autres et à l’Histoire.

Elisabeth BOURGOIS


Les étoiles dans les yeux

Alice et Jules ont une grand-mère qui s’appelle Mamilou. Elle est toute petite, ses cheveux gris sont si fins qu’on dirait des toiles d’araignée, la peau de ses bras et de ses jambes, ressemble à une vieille écorce d’arbre toute craquelée. Mais, subjugués par les yeux de Mamilou, Alice et Jules oublient qu’elle est un peu vieille, car ses yeux sont bleus comme le ciel, et il s’y passe toujours un truc bizarre. Quand on lui parle de Papilou qui est parti au ciel, il y a des petites étoiles scintillantes qui y apparaissent.

C’est Papilou, dit la grand-mère en mettant un mouchoir tout blanc en dessous de ses lunettes, il m’envoie des étoiles du ciel.

  • Mais on dirait que tu es triste quand tu as des étoiles dans tes yeux, dit Alice un peu inquiète. La petite fille n’aime pas voir des gens tristes, elle sait bien que ces étoiles-là brillent comme des larmes. Alors ce jour-là, ne sachant que faire, elle court dans le jardin, cueille des petites marguerites blanches qui sont dans l’herbe, et les donne à sa grand-mère.
  • Oh merci, ma chérie, regarde les étoiles sont parties jusque dans mon cœur, tellement tu es gentille. Tu vois, c’est facile de mettre des étoiles dans le cœur des autres. Jules et Alice se demandent bien comment faire. Il y a tant de gens qui ont des étoiles brillantes dans les yeux et semblent malheureux. Comment les glisser dans leurs cœurs ?
    Noël approche et on explique aux enfants qu’il y a beaucoup de gens malheureux sur terre et que Noël c’est la fête de la joie pour tout le monde, grâce aux cadeaux. Alors, ils prennent une grande décision et ils regardent ce qu’ils ont dans leur tirelire… pas grand-chose en fait. Ils trient leurs jouets mais c’est compliqué de savoir ce qui peut faire plaisir aux autres, surtout si c’est une grande personne. Soudain Jules a une idée en voyant un gros bouquet de fleurs sur la table du salon de la maison… et s’ils en prennent quelques-unes, cela ne se verra pas.
  • Mais pourquoi prenez-vous mes fleurs, Jules et Alice ? demande leur maman fâchée.
  • Ben… c’est pour mettre des étoiles dans le cœur des gens pour Noël.
    Et Maman dit alors oui en souriant. Ils vont sur la Grand place de Lille, là où il y a toujours des gens avec des étoiles dans les yeux : des tout sales, des très vieux, des jeunes drôlement coiffés, des mamans assises par terre et qui tiennent des enfants tout endormis, des gens seuls et tristes. Maman se met à l’écart pour veiller sur ses enfants, dont l’idée l’inquiète quand même, mais comment aurait-elle pu leur dire non ?
    Les enfants observent les gens et quand ils devinent une petite ou une grosse étoile dans leurs yeux, ils tendent une fleur… et magique, les étoiles disparaissent et quand elles arrivent au cœur, elles deviennent un grand rayon de sourire.
    Alors petits enfants, regardez les étoiles que font les larmes dans les yeux des grandes personnes ou des autres enfants, et si vous n’avez rien à donner, offrez leur votre plus beau sourire, c’est très efficace pour que les étoiles glissent dans leur cœur et deviennent scintillantes d’amour.

Elisabeth BOURGOIS

L’association des : « écrivains des Hauts-de-France »

Elisabeth BOURGOIS
Présidente
« Écrivains des Hauts de France »

« Écrivains des Hauts-de-France », association créée en mars 2022, accueille déjà plus de 120 adhérents. Ses membres sont des auteurs de tous genres littéraires et choix éditoriaux, ainsi que des professionnels de l’écrit (journalistes, correcteurs, biographes, scénaristes, traducteurs etc…). Son but essentiel est la mise en valeur des écrivains de la Région et de leurs écrits, à travers diverses actions vers le grand public. En lien avec tous les organismes professionnels de la chaîne du livre, elle est comme un « GPS » pour les auteurs grâce aux conseils, aux rencontres professionnelles et amicales, et à la transmission d’informations utiles. Les articles qui suivent, présentent une petite facette de l’actualité de ses membres dont leurs nouvelles parutions. De magnifiques projets sont en cours !


« Le sens des mots, le pouvoir des mots »

  • Le 18 octobre 2023, en partenariat avec l’association « Écrivains des Hauts-de-France », s’est déroulée à l’Institut des Stratégies et Techniques de communication (ISTC) une rencontre pour mieux comprendre le choix et la portée des mots sous tous ses aspects.

Le directeur de l’établissement supérieur, Piero Turchi, a animé cette table ronde selon plusieurs axes de réflexion, en fonction de l’expérience de chacun des intervenants.

Interrogé(e)s par Piero Turchi, de gauche à droite, Elisabeth Bourgois, Présidente
de l’association EHDF, romancière et scénariste, Dorothée Catoen, autrice, docteur es Lettres, Hervé Leroy, auteur et journaliste, Betty Rygielski, avocate en droit des familles et droit des
victimes, et Alain Streck, auteur et scénariste.

Le choix des mots en littérature
Pour le choix des mots en littérature, la romancière Elisabeth Bourgois a évoqué l’humilité : « On ne connait pas à l’avance son lecteur… Certains de mes livres ont été traduits et j’ai eu la surprise un jour du témoignage d’un Grec me déclarant avoir trouvé les mots justes alors qu’ils n’étaient pas dans leur langue d’origine. De même des pygmées d’Afrique ont dit être touchés par mes mots. Parfois nos textes nous dépassent complètement et c’est pourquoi on doit garder à l’esprit qu’ils peuvent toucher le cœur des lec-teurs. » Dorothée Catoen, autrice, se référant à Pierre-Jean Jouve, a parlé de jaillissement. « Pour un roman, les synopsis sont souvent les mêmes. Ce sont alors les mots choisis qui vont faire l’œuvre. Il m’arrive de buter une journée sur un seul mot.» Hervé Leroy, journaliste a insisté sur la part de l’intime de l’écrivain. « Plus on travaille sur son intime, mieux on rejoint les autres. » Ce qui s’est traduit d’ailleurs pour l’avocate Betty Rygielski, militante pour le droit des femmes, à un renoncement de la défense des auteurs de violence. De son côté, le dramaturge Alain Streck a nuancé, optant dans son écriture pour un choix des mots en fonction du caractère social de ses personnages.

Cet appel à l’authenticité est resté marqué chez les différents intervenants lorsqu’il s’est agi de considérer les mots comme véhicules de la pensée. « Si je devais conseiller les étudiants de l’ISTC en la matière, lance Betty Rygielski, je leur dirais, soyez vous-même pour convaincre, allez-y avec les tripes. » « Et prenez surtout du plaisir.» a renchéri Hervé Leroy, tandis que Dorothée Catoen les invitait, après avoir réfléchi à la portée des mots sur les émotions du receveur, à garder un enthousiasme constant lorsqu’ils sont prononcés.

Les mots dans la sphère médiatique
Les mots jouant un rôle important dans la sphère médiatique, Piero Turchi a souhaité savoir comment ceux-ci évoluaient dans le milieu du journalisme. « Le journaliste est confronté de plus en plus à la langue de bois, qui ne concerne plus uniquement que les politiques. Même les sportifs prennent des cours de langue de bois : « L’essentiel, c’est les trois points… » a rappelé Hervé Leroy. Le format des media, tant en presse écrite qu’audiovisuelle va également avoir une influence sur le pouvoir des mots. Ce n’est pas pour rien que les publicitaires empruntent à la littérature la force des mots, ont souligné les intervenants.
Un autre débat a porté sur la féminisation des mots, qui, très présente au Moyen Âge, va disparaître en même temps que les successions royales échapperont aux femmes, et dès lors que l’Académie française, créée par Richelieu, ne sera composée que d’hommes. Betty Rygielski a réagi sur ce thème bien précis. Selon la juriste, la féminisation des mots a une portée importante sur le rapport homme/femme, et notamment lorsqu’il s’agit dans certaines affaires de traiter du rapport de domination des hommes violents.

La novlangue : appauvrissement ou évolution nécessaire ?
La novlangue devait être évoquée lors de cette rencontre. Appauvrit-elle le sens des mots ? Enrichit-elle la langue française ? A-t-elle un impact sur la société ? Les uns et les autres se sont accordé à admettre que la nature même de la langue était d’évoluer. En rappelant cependant comme Alain Streck que « la connaissance des mots nous fait comprendre des autres et mieux comprendre les autres. » Dorothée Catoen, intervenant occasionnellement en milieu carcéral, a pu observer que, pour ceux qui participent à ses ateliers, celui qui lit est celui qui représente la sagesse et devient en quelque sorte figure tutélaire.
Déconstruction des mots, responsabilité de l’éducation et de l’enseignement supérieur, ont été autant d’autres sujets abordés, et que l’assemblée a continué de nourrir pour poursuivre cette soirée enrichissante. Les acteurs de cette table ronde leur ont ainsi offert… le dernier mot.

Dominique Dachicourt


Dark Romance : Un phénomène qui interpelle

Pas un mois actuellement ne passe sans qu’un magazine ou un quotidien, en presse écrite, numérique ou audiovisuelle ne s’accapare du phénomène grandissant de la Dark Romance. Un genre littéraire venu des USA et destiné à l’origine aux 11/13 ans, puis peu à peu déplacé par les libraires vers les
rayons des Young Adult.

Alors, de quoi s’agit-il et pourquoi le sujet interroge-t-il autant ?
Il y a quelques années, quand il s’agissait de se procurer quelque histoire glamour, Harlequin était le meilleur pour répondre à la demande de ces lec-
teurs. Puis s’est ouverte il y a une dizaine d’années la voie de la New Romance, avec pour exemple emblématique Les cinquantes nuances de Grey, narrant une histoire d’amour et de domination entre une jeune diplômée et un puissant homme d’affaires, le tout bien érotisé. La Dark Romance, lit-on souvent, serait la prolongation de cette ten-dance. Sauf que depuis, on est passé du glamour au trash, et pire encore, selon certains observateurs qui dénoncent dans ce nouveau genre une forme de manipulation perverse des adolescents, filles comme garçons.

Ce genre littéraire repose effectivement tou-jours sur un schéma de domination masculine et d’humiliation féminine. Certes un scénario immuable, sauf qu’on est passé du riche homme d’affaires séducteur au pire mafieux crapuleux n’hésitant pas à abuser psychologiquement et physiquement de ses conquêtes, jusqu’à rendre ses jeunes partenaires accros de relations toxiques, soumission, viols…
Ce qu’il convient de relever face à ce genre littéraire qui attire un lectorat féminin et masculin de plus en plus jeune, c’est qu’il va complètement à contre-courant du mili-
tantisme courageux de celles qui ont lancé le mouvement Me Too, remettant ainsi en question l’égalité homme-femme.

Certes, toutes ces histoires ne demeurent toujours que de la fiction, et la censure ne saurait être un frein à l’intérêt porté à ce type de lecture, bien au contraire. Alors, comment demeurer vigilant pour que la littérature n’influence pas les comportements des adolescent(e)s ?

A toute époque, la conscience individuelle, l’éducation, la juste appréciation des valeurs pour une vie sereine en communauté, l’équilibre, le dialogue, ont toujours apporté les meilleures réponses. Nous avons la chance d’être dans un pays de liberté d’écrire et de lire, cette liberté s’offre aux ados mais le devoir des parents est bien de savoir à quoi elle les ouvre… surtout si l’enfant n’ose en parler ou le cache sous son matelas.

Alors, et si les parents échangeaient leurs lectures avec leurs ados….

Dominique Dachicourt


A quoi sert un correcteur ?

« Pourquoi faire appelle a un correcteur ? Se n’est pas si grave de faire des fotes, si ? Ah, sa géne peut être un peu la lecture quant même, non !
Version corrigée : Pourquoi faire appel à un correcteur ? Ce n’est pas si grave de faire des fautes, si ? Ah, ça gêne peut-être un peu la lecture quand même, non ? »

Félicitations, vous venez d’achever votre roman, votre mémoire ou votre site internet, vous l’avez fait relire par votre beau-frère, votre grand-mère ou votre voisin, mais est-ce suffisant ? Vous avez passé du temps à rédiger votre œuvre, alors autant aller jusqu’au bout du processus et faire appel à un correcteur pour un rendu impeccable, source de crédibilité !
Contrairement à certaines croyances, le recours à un correcteur professionnel n’est pas à négliger, même s’il a un coût, car c’est lui qui ouvre la porte de votre ouvrage à vos lecteurs qu’ils soient éditeurs, professeurs ou de toutes autres professions. Une mauvaise orthographe dépose un brouillard sur votre texte en le rendant pénible à lire.
On peut être bon en orthographe, très bon même, mais toutes les personnes bien intentionnées, qui veulent vous aider, auront-elles repéré que le prénom d’un des personnages page 35 est écrit différemment page 128 ? Savent-elles que le Français avec une majuscule est correct pour le citoyen, mais pas pour notre belle langue ? Auront-elles repéré le pléonasme page 37 « voire par exemple », le barbarisme page 154
« rénumération » ou la simple coquille page 177 ? Pas forcément… Et ce ne sont que quelques exemples de l’ampleur de la tâche d’un correcteur.
Le correcteur a été formé pour « détecter » les fautes de ponctuation, grammaire, syntaxe, etc. Il est un œil extérieur qui n’est pas impliqué émotionnellement, il sait prendre du recul sur le texte, il est humble, et vérifie, revérifie et re revérifie… Il doit être vigilant à tout, repérer les répétitions, veiller à la concordance des temps, vérifier les dates, ajuster la ponctuation (une virgule mal placée peut changer le sens d’une phrase, si si…), détecter les espa-ces manquantes (oui oui, mot féminin en typographie !).
Le correcteur est comme un chasseur : toujours à l’affût !

Delphine Delelis

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