Les inévitables qu’on n’aura pas besoin d’éviter !
De toutes nos fêtes populaires, c’est la braderie, que les Lillois préfèrent. Tous réunis, le temps d’une nuit, que nous soyons, riches, pauvres, étrangers, jeunes ou vieux.
On dit : « C’est toujours pareil » mais on y va quand même.« Ce n’est plus comme avant » : mais nos enfants diront la même chose. Maman nous dit : « Les moules, à la maison, seront bien meilleures ! »Mais on en mange quand même, coincés sur le coin d’une table bancale, sous la pluie ou dans le froid, et on rentre heureux d’avoir, comme tous les lillois, mangé les moules de la braderie.
Par contre, si je peux vous donner quelques conseils, entre nous, essayez d’éviter les inévitables de la braderie.
Les FRICADELLES
qui traînent dans un plat en inox depuis plusieurs heures. Sorte de saucisse pannée, allongée, de couleur indéfinie, sans goût particulier, n’en déplaise aux esthètes.Souvent présentée comme l’ornement indispensable de la « mitraillette » et recouverte de mayonnaise, adore se baigner dans la friture, de préférence, celle des frites. Native des Pays bas, ce qui agace profondément les belges qui en revendiquent aussi la paternité… Au goût indéfini dû au mélange de porc et de poulet, aromatisé de muscade, de poivre et de piment, à tendance à favoriser l’obésité et à rendre la peau grasse. Ne coûte pas cher, cale l’estomac, mais ça nous ballonne pour un bout de temps.Vous la trouverez inévitablement dans les baraques à frites de la braderie. On la critique tous, mais un jour ou l’autre, on en mange !
Les MERGUEZ
douteuses qui ont tendance à patauger dans leur jus une bonne partie de la nuit Saucisse rouge, pimentée, plus ou moins, plus que moins, grasse, qui nous vient d’ Afrique du Nord, recette apportée dans les bagages de nos amis immigrés. Se cuit de préférence, au barbecue, la graisse s’en échappe pour le plus grand bien de nos estomacs. Normalement, c’est du bœuf et du mouton, du moins, on l’espère. Il faut reconnaître que c’est bon, ça fait penser au soleil du sud, aux vacances Le seul hic en ces jours de braderie c’est qu’il vaut mieux éviter certains marchands improvisés.
Les chiens aboyeurs
et atteints de la maladie de Parkinson, aux couleurs agressives qui se tressaillent en couinant jusqu’à l’usure complète des piles d’importation chinoise, heureusement de très courte durée. Les enfants adorent ça, mais je peux vous dire, en connaissance de cause, que pour les parents ce bruit est un véritable supplice.
La MOULE FRITE mini portion
Braderie sans moules, les boules toute l’année. Ce délicieux mollusque qui ne daigne s’ouvrir et délivrer tout son parfum qu’à une certaine température, baignant dans un petit vin blanc sec, accompagné d’oignons d’une branche de céleri et d’un peu de poivre se sacrifie, début septembre pour notre plus grand plaisir.
Les gens du nord en raffolent a la braderie, mais aussi toute l’année, et oublions ce dicton idiot des « mois en r » .
Un petit conseil, recherchez les petits restos de quartiers, qui les préparent amoureusement pour leurs clients fidèles. Laissez l’hyper-centre aux touristes de passage, vous risqueriez, comme ça m’est arrivé l’année dernière, après une bonne demie heure d’attente, de vous retrouver avec 14 moules dans une barquette en plastique et 11 frites pour le prix d’un bon gros poêlon bien rempli et un copieux saladier de frites dans une rue calme de Wazemmes.
LES MUSICIENS des hauts PLATEAUX ANDINS
Le son de la flûte andine est beau à partir de quatre mille mètres d’altitude, mais au niveau de la mer, il a tendance à vous perforer les tympans. Les percussions préenregistrées vous font tressaillir le bas ventre, et les petites femmes péruviennes sont persuadées que, dans le Nord, tout le monde s’habille avec d’authentiques pull andins venus d’ailleurs. Les différents groupes se livrent une telle concurrence à force de décibels, que ce n’est plus de la musique, c’est une torture. Contrairement à ce qu’ils recherchent, cela a plutôt tendance à nous faire fuir !