Quand le Hip-Hop coule à Flow

À l’époque où je postillonnais sur les micros, où l’espoir de concerts toujours plus nombreux, de morceaux en studio qui s’enchaineraient, se dessinait chaque jour un peu plus, et qu’on nous refusait l’accès à de nombreux lieux sous couvert de mode passagère, on se permettait de rêver à une maison du Hip-Hop, un lieu qui symboliserait la reconnaissance d’une culture que beaucoup moquaient, et qui accueillerait en son sein les différents piliers que sont le Rap, le DJing, le Graff, le Beatbox, et la Danse, pour leur permettre de se perfectionner, s’affûter, et briller. On était en 1999. Il aura fallu du temps. Il aura fallu y croire. Il aura fallu convaincre. Jusqu’à ce que tous comprennent.


Quinze ans plus tard naissait dans le quartier Moulins à Lille le premier établissement entièrement dédié aux cultures urbaines en France. On y était. LE FLOW, ainsi nommé en deuxième baptême, trônait au centre du quartier et renvoyait depuis ses murs vitrés les lumières qu’il générait et celles qui se reflétaient sur son quadrillage.
Ouais, y a désormais une odeur du vécu qui traîne sur le sol, les murs, les portes et les chiottes, au fil de la balade dans le lieu. L’histoire commence à se tisser. Depuis l’accueil, le regard se perd sur le mur qui fait face à la place Ludovic Boumbas, postillonneur lillois comme je l’étais, et qui n’aura pas vu le bloc s’ériger, paix à son âme. Cette place borde l’entrée, et le mur dédié à l’expression libre d’artistes venus de partout se couvre régulièrement de nouvelles œuvres et de nouveaux messages. Ici, on ne vit pas en vase clos. On est dans l’ouverture. Ça se constate également par les nombreux partenariats menés par l’équipe qui ne rechigne pas pour de l’out-door. Et puis, il y a l’âme, une énergie et une bienveillance distillées et coordonnées par Sylvain Desplanques et l’inévitable Malik Moujouil, postillonneur de longue date lui aussi.
Viens y mettre le pied. Que tu sois pro, semi-pro, amateur, ou badaud, enfant ou adulte, quelque chose t’y attend, quel que soit le domaine : ateliers, conférences, concerts, spectacles, résidences, cours de danses urbaines, rencontres et plus récemment Open Mics avec SKUUURT. L’objectif affiché est de soutenir, accompagner, former, pratiquer, mettre en réseau, diffuser, dans un bouillonnement incessant qui permet à la culture Hip-Hop quadragénaire de s’étendre sans chercher à ronger.

L’histoire se dessine, ouais, comme le trait de bombe du graffeur qui nous laisse entrevoir un peu plus son projet à chaque seconde qui s’écoule, comme le scratch du DJ avant qu’il lâche le son, comme le chuchotement du MC avant qu’il crache son couplet, comme l’échauffement du danseur avant qu’il ne s’élance, comme le son guttural qui introduit le rythme du beatboxer. On y vient. Ceux qui n’y ont pas cru sont tous les bienvenus, la porte est ouverte à ceux qui ont fermé la leur, par crainte ou par rejet réflexe, le sourire de Naïma vous montrera la voie de tout ce qu’il y a à y découvrir et à y faire. Suivez la guide. Le Hip-Hop a son temple à Lille.

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