Témoignage de Thérèse Louage

Une ancienne habitante de Saint-Sauveur

Thérèse a passé les premières années de sa vie de 1927 à 1942 à Saint-Sauveur
au numéro 7 de la rue Saint-Sauveur.

Ses parents avaient loué la maison un peu avant : en 1924. Sa maman était mercière tandis que le père était le receveur principal de la mairie de Lille. Le quartier était très peuplé et la mercerie avait beaucoup de clientes mais, la plupart d’entre elles étaient très pauvres. Des crédits importants mettent en cause la santé du commerce.

La mercière abandonne son fond au début de l’année 1939. Elle ne trouvera pas de repreneur et quittera la maison en 1942. Thérèse est très attachée à ce décor qui est celui de son enfance. Dans les années 60, quand elle a appris la démolition du quartier, avec l’une de ses sœurs et une voisine, elles ont établi un plan de la rue – pas photographiable en un seul morceau, à cause de sa longueur – avec l’emplacement des commerces et des monuments.

La rue Saint-Sauveur de l’époque

La rue Saint-Sauveur de l’époque est peut-être la plus large de Lille (hors boulevards). Elle est plantée de très grands platanes. C’est une artère vivante avec d’innombrables magasins et artisans. Un peu en arrière se trouvent les courées et les cours dont les accès sont des porches ou des ruelles étroites. On trouve dans la rue, trois boucheries-charcuteries, des marchand de légumes et des marchands ambulants.

Il y a aussi l’ancêtre de la supérette (la Coop), trois boulangeries dont l’une très proche du N° 7, un fleuriste et beaucoup d’autres magasins et artisans dont une quincaillerie qui vend des ustensiles de ménage, des casseroles ainsi que des jouets pas chers. La boutique des rêves des enfants de la rue, c’est celle de Sidonie. Elle se trouve au numéro 40, à côté du marchand de vin. Elle vend des friandises en petite quantité parfois à l’unité (caramels, bonbons, boules de gomme).

Il existait encore, avant-guerre, plusieurs fermes en activité. Pour Thérèse et ses sœurs c’était un terrain de jeu idéal. Elles venaient souvent voir les vaches.

Après leur disparition elles joueront dans les étables vides quand la construction de la foire commerciale aura privé l’agriculteur des terrains qui lui permettaient de nourrir les animaux. Il y avait quatre fermes, avant-guerre, à Saint –Sauveur. La dernière résistera jusqu’en 1956 avant de fermer, à son tour.

La rue Saint-Sauveur et la rivale de la rue de Paris

Ce sont les plus belles rue du quartier avec la rue du Molinel. Quant aux autres elles sont généralement assez étroites. Saint Sauveur reste un quartier industriel. il y a 3 filatures : Delesalle, rue de la Vigntette, Courbon, rue Saint-Sauveur et l’usine Droulers – Agache, à l’angle de la rue du Croquet et de la rue de Fives.

Il y a beaucoup d’établissements scolaires dans le quartier : des écoles libres et religieuses et des écoles laïques Thérèse et ses sœurs ont fréquenté l’école laïque Boufflers rue de Tournai. La discipline y était rude. Plus tard, elles fréquenteront le collège Jean Macé qui était boulevard des Ecoles (actuel boulevard Jean-Baptiste Lebas). Il y avait aussi l’hôpital Saint-Sauveur, le plus grand hôpital de Lille avant la construction du CHR.

Alain Cadet

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