De Francesco Barracato à Frédéric François
A quatorze ans, j’écrivais mes premières chansons.
Je chantais dans des orchestres de bal, mon père allait me présenter, « Faites un essai avec mon fils, vous n’allez pas le regretter ».
Avec le groupe « Les tigres sauvages » nous avions gagné le « Microsillon d’argent » plus un enregistrement, au festival de Chatelet, mais il fallait acheter les 45 tours, alors, mon père allait les placer, dans les juke box, chez les disquaires, il en envoyait en Italie, fier de dire « C’est mon fils ».

A l’époque, on se contentait d’imiter les premiers groupes de rock Français, les Chaussettes noires, les Chats sauvages, les Pirates.
Un jour, une voiture décapotable rouge arrive dans la cité, un homme frappe à notre porte.
- J’ai entendu votre fils, je veux l’enregistrer. Comment s’appelle-t-il ?
Barracato, mais qui va retenir un nom pareil, Barracato?
Sur le coin de la table de la salle à manger, je cherchais un nom de scène.
Frédéric, mon prénom, François parce que nous sommes tournés vers la France.
Frédéric Francois, bingo !
J’avais dix neuf ans et je venais de signer mon premier contrat, c’était complètement fou.
Les Chansons nous font du bien
- Quand je pense que mes chansons ont été fredonnées dans une même famille de génération en génération, qu’elles les ont accompagnées dans les bons et les mauvais moments, qu’elles ont rendu des gens heureux !
On ne peut qu’être ému et mon public est formidable.Mais que c’est difficile d’écrire une chanson.
Des heures et des heures de travail, de doutes, d’ hésitations, on y met toute son âme, toute son énergie. Et puis, un jour, pourquoi certaines d’entre elle deviennent des tubes et vous collent à la peau pour toute une vie ?
Pourquoi celle ci, pourquoi celle-là ?
Tout ça nous dépasse. 20 minutes avant la fin de mon spectacle, j’ invite le public à s’approcher de la scène pour faire la fête, tous ensemble, des mamies viennent me serrer la main, elles me présentent leur fille et leur petite fille, on m’offre mille choses.
Comment rester insensible à toutes ces démonstrations d’amitiés ? Les chansons sont des points de repère dans une vie, celles des premières amours, des rencontres de vacances, une naissance, un mariage. Il y a quelque chose de magique dans tout ça.
Je n’ai jamais triché avec mon public.
Frédéric François
Rendre les gens heureux et s’entendre dire merci , tout ça grâce à des chansons, c’est vraiment très beau.
- Un jour à l’Olympia, une mamie vient me voir et me dit : « J’ai 82 ans. Étant donné mon âge, je ne pense pas pouvoir revenir un jour vous écouter ».
- « Ne dites pas ça, surtout pas, je vais vous inscrire dans mon fan club et je vous inviterai chaque fois que je passerai à Paris ».
La dernière fois, elle venait de fêter ses 100 ans, elle est morte à 103 ans.
Quand elle n’était pas bien, je l’appelais, un peu comme un médecin , elle me disait: « Ça me fait du bien, merci, merci Frédéric ».
En cinquante ans de carrière, je n’ai jamais triché avec mon public, quand j’y pense, 50 ans de bonheur, merci à tous ! Une rencontre, inattendue, mais belle.