NOUNOURS N’EST PAS MORT !

Il a pris sa retraite dans le quartier du Petit Maroc.

L’eusses tu cru cher lecteur, que Nounours, Nicolas et Pimprenelle avaient pris une retraite bien méritée, à Lille, dans le quartier du Petit Maroc.

La grand mère du petit Marcel Ledun, qui emmena son petit fils voir un spectacle de marionnettes aux Galeries Lilloises de la rue Nationale, ne se doutait pas qu’elle allait déclencher dans la tête de l’enfant un tel séisme créatif..


Les Galeries Lilloises en 1903

Il avait quatre ans, il serait marionnettiste, il aurait un théâtre, une compagnie. pas pompier, ni policier ou cow boy, non, marionnettiste. Septembre 2014, j’ai rendez vous dans le sympathique quartier du Petit Maroc à Lille. Les rues sont inondées de soleil, on se croirait à Menton. Marcel n’avait pas beaucoup de temps à me consacrer, on devait lui remettre le Prix de la Ville de Lille des maisons fleuries. J’y suis quand même resté plus d’une heure, fasciné, passionné, par cet homme pas avare de souvenirs. Marcel qui fut d’abord journaliste à Nord Éclair et attaché de presse de la Foire de Lille était encore marionnettiste en extra.Une rencontre déterminante va changer l’orientation de sa vie, celle de Louis Pajot, grand maître de la marionnette, qui, devant l’enthousiaste du jeune homme, l’intègre dans satroupe. Très vite un engagement sur le paquebot France lui fera faire plusieurs fois le tour du monde. et  le bonheur des passagers de tous âges. Pendant ce temps, à Paris, Claude Laydu imagine une suite de petites saynètes qui pourraient bien plaire aux enfants d’une télévision encore bien jeune..
Une seule chaîne à la RTF, l’écran est en noir et blanc, eh oui, ça a pu exister un jour, mais la télévision était déjà dans chaque foyer, omniprésente et le Général  De Gaulle inaugurait la médiatisation des politiques.

Le 10 décembre 1962, un peu avant le journal télévisé,…POMPOPOPOMNounours,
Nicolas et Pimprenelle percent l’écran, cinq minutes, pas plus, et bonne nuit, les peueueutits.

Extraordinaire, nous ne rations jamais le rendez vous de 19h !

Mais quelle  invention diabolique pour nous les enfants, pas moyen de faire semblant de  traînailler pour regarder le catch, 36 Chandelles ou le Club des Explorateurs.

«« POMPOPOPOM au lit, et zut à Nounours. »»

Marcel sourit, je ne pensais vous avoir traumatisé à ce point. Et notre cher Marcel, dans tout ça ? 841 épisodes jusqu’en 1995, un bail, quel succès.

Marcel Ledun chez lui

tout naturellement Claude Laydu l’appelle pour animer les nouveaux héros des enfants. S’ensuit, 40 ans de fidélité à Nounours.
– C’était bien, je dois beaucoup à Nounours, de grands et beaux moments partagés. C’est mon enfant en quelque sorte.

– Vous avez encore quelques minutes …

Marcel monte à l’étage,  POMPOPOPOPOPOPOPOPOPOM
il redescend avec Nounours dans les bras, le vrai, le seul, l’unique.

Je n’en reviens pas, je suis assis à coté de Nounours et ça me paraît normal. Dans un rapide retour en arrière je me revois, en pyjama, devant la télé du séjour, mes sœurs à quatre pattes sur le tapis, et maman qui me dit …‘‘dans cinq minutes’’ tu montes te coucher et mets tes pantoufles’.’ Moi, qui pensais que Nounours habitait Paris.
Merci Nounours, mais tout de même vers 21 heures, 21h30, ça n’aurait pas été plus mal.

Jihem

Quand Louis Pajot meurt le 8 août 1978, à l’âge de 83 ans, c’est à son élève Marcel Ledun qu’il lègue la plus grande partie de ses marionnettes, lequel s’efforcera d’être le continuateur de l’œuvre de cette famille de virtuoses : les Pajot Walton’s.

Marionnettes à fils
La manipulation de la marionnette à fils est certainement la plus difficile de toutes les techniques d’animation. Les fils, au minimum une dizaine, commandent les mouvements que la poupée doit exécuter.

– Simons
– Line Dariel

Marionnettes à gaine
Une marionnette à gaine est tenue par dessous. Le manipulateur enfile sa main dans la gaine formée par l’habit de la poupée. Il introduit son index tendu dans la tête et fait se mouvoir l’un des bras avec son pouce.

Marionnettes à tringle
Le manipulateur d’une marionnette à tringle se tient au dessus de la poupée. Grâce à la tringle fixée au sommet de la tête de celle-ci, il la fait marcher en lui imprimant un léger balancement. Les bras sont actionnés par un ou deux fils.

Hélas, hélas, hélas… !
Marcel Ledun n’ayant pu trouver de lieu convenable pour créer à Lille son musée de la marionnette. Toute sa collection sera prochainement dispersée à la salle Drouot. Une belle aventure qui se termine.

 

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