Le dénicheur de vinyle

La malédiction des rockers Les chacals de Bethune

 « Approchez mesdames et messieurs ! Venez replonger dans le monde oublié de vos rêves perdus, revivre les plus beaux moments de votre jeunesse! La pureté du rock retrouvé illuminera vos têtes pailletées    Venez twister avec les Chacals de Béthune, ce groupe que nous avons exhumé congelé de la cave en ruine du Mont-Blanc à Asnières… »

 Tels sont les premiers mots que vous entendrez  si jamais vous parvenez à mettre la main sur ce curieux 25cm édité en 1972 par Barclay. Une pochette rose, ce nom pour le moins loufoque de « Les chacals de Bethune », quatre musiciens qui prennent la pose, et des titres qui annoncent une forte couleur rock n’ roll : voilà ce qui s’appelle une entrée en fanfare.

Y aurait-il des chacals à Béthune ? Faut-il prévenir les autorités compétentes du zoo de Lille ? Ces animaux là  sont en tous cas vigoureux et s’amusent à brouiller les pistes.
Les Chacals de Béthune sont effet connus, ou pas, sous le premier nom de « Albert et sa fanfare poliorcétique ». Il était donc bien question de fanfare. Mais pas tant que ça, gardez toujours en tête  qu’avec les chacals de Béthune tout peut arriver. L’histoire commence lorsque Georges Ohanessian, alias Jo Corbeau, alias Albert, alias Rocky Gonzales se lance dans la composition du tout premier opéra rock tricolore, hommage à Gene Vincent et aux pionniers français du be-bop-a-lula. Deux ans après le fameux Tommy de The Who, place cette fois à un spectacle musical de pur rock n’ roll extravagant saupoudré de parodie.

Le scénario ?  le fantôme de Gene Vincent surgit d’outre tombe pour prêcher la bonne parole du rock et punir ceux qui massacrent ses chansons lors de reprises pour le moins approximatives. Au sein de ce show baptisé alors « la malédiction des rockeurs » s’emmêlent joyeusement des standards du rock (« eddie sois bon », « C’mon everybody », « Baby Blue »…) entrecoupés de sketchs présentés à la manière de gags radiophoniques, le tout dans une ambiance de folie. Le disque « Albert et sa fanfare poliorcétique » en 1971 devient tout simplement « Les chacals de Bethune » lors de la réédition en 1972. Rocky Gonzales entouré de ses musiciens en costards (dont Fred Chichin futur Rita Mitsouko) offre un album de reprises jubilatoires, teintées d’émotion. OVNI musical ? Curiosité hors norme ? Disque novateur, trop peut-être ? L’exercice est à l’époque une nouveauté qui malheureusement ne trouve pas le succès ni auprès du public, ni auprès des critiques. Malgré une créativité louable, l’audace ne paie pas toujours. Albert et ses fanfarons ont sans doute eu quelques regrets en voyant la réussite du groupe au Bonheur des Dames quelques années plus tard, pourtant engagé sur un modèle proche. Et si Fred et Gene et tant d’autres ne sont plus, le rock n’ roll lui est immortel et longue vie aux musiciens qui lui rendent hommage. Comme le chante si bien Jo Corbeau sur le dernier titre

«J’avais vingt ans » : « J’y croyais, j’y croyais, j’y crois toujours ».

SYLVAIN
NOTES EN BULLES – Disquaire – Libraire

172 rue Solférino 59000 lille – Tél : 03 66 96 01 12
www.notesenbulles.fr

Total
0
Shares
Previous Article

Une petite saute d’humeur concernant notre « cher » Métro :

Next Article

L’ours de l’évêque

Related Posts