Grégory Valentin
Espèce de Livre
Une « especedelivre » c’est un ouvrage reproduit intégralement sur un tableau, travaillé pour que de loin, on ait l’illusion d’une œuvre d’art et que de près, on y découvre la littérature. C’est l’artiste, Grégory Valentin, qui crée ces « especedelivres », véritables textes esthétiques vibrants.
Chaque « especedelivre » reproduit un livre dans son intégralité. Grégory Valentin enlève les sauts de ligne, les numéros de chapitre, et le texte se déroule à la manière d’un « fil tissé sur la toile. » :
La peste d’Albert Camus, Vingt mille lieues sous les mers de Jules Vernes, Le Rouge et le Noir de Stendhal, … Pour Grégory Valentin, lors de la traduction en « espèce » du livre, l’idée est toujours d’exposer un regard subjectif, un parti pris.
Ce dernier s’exprime dans le choix de la typographie, de l’interlignage, des couleurs, dans le choix des mots mis en avant – comme dans Un homme qui dort de Georges Perec, où il décide de mettre en avant le mot « monstre », s’amusant de la petite proportion de sa récurrence par rapport au reste du texte.
Grégory Valentin interprète une ambiance, un ressenti. L’objectif n’est pas de faire un tableau figuratif, mais abstrait. « Je voulais que l’on voie d’abord le tableau de loin, que l’on sente une vibration, puis qu’on se rapproche, et que l’on découvre que c’est un livre » nous déclare-t-il. Cela explique le « regard plastique » sur l’œuvre, qui rend le tableau « séduisant » et « agréable » à regarder, même si l’on n’est pas assez proche pour pouvoir lire les caractères.
La réaction du public face aux tableaux est, par ailleurs, très symptomatique de ce double effet : « Ils regardent les couleurs, les dégradés, puis en se rapprochant, il y a un deuxième effet. Ils sont étonnés ou trouvent cela marrant. Puis, ils lisent les paragraphes, ils font des allers et retours, se reculent ou s’avancent. Il y a une véritable interaction. »
Olivier Ribardière
Métamorphose