1980: Marguerite Yourcenar, première femme académicienne,
avec Maurice Schumann, académicien (députe puis sénateur du Nord). Mais que lui chuchotait-il à l’oreille, qui la fasse sourire ? (photo Pierre Vauthey/Sygma/sygma via Getty Images)
Un peu d’histoire sur l’Académie française: tout a commencé grâce à Valentin Conrart, né en 1603 dans une famille calviniste de Valenciennes. Son grand-père, échevin de la ville, est décapité par les troupes ultra-catholiques de l’horrible duc d’Albe en 1568, et son père, drapier, va s’installer
à_ Paris. Conseiller-secrétaire de Louis XIII, pas moins, et amoureux de la langue française, Valentin décide de créer un club d’auteurs : « le cercle Conrart ».
Ce club plus ou moins secret séduit Richelieu. Il va s’en inspirer pour créer l’Académie française!. Notre Valentin en dresse les lettres patentes, rédige les statuts, en devient le premier secrétaire perpétuel. Richelieu le maintiendra dans cette fonction, jusqu’à son décès, en dépit de son attachement à la religion protestante.
Quant à la première académicienne, vous l’avez deviné, il s’agit de notre Marguerite Yourcenar. Marguerite Cleenewerck de Crayencour, dite Yourcenar, fut la première femme élue à L’Académie française en 1980, engendrant une tempête sous la Coupole ! Par le passé, l’Académie avait refusé George Sand (nom de plume d’Aurore Dupin) et Colette. Marguerite est née à Bruxelles en 1903. De famille paternelle du nord de la France, elle passe son enfance, de 1903 à 1912, entre la propriété familiale au château du Mont-Noir, près de Bailleul!, et l’hôtel particulier de sa grand-mère paternelle à Lille. Elle termine sa vie à Mount Désert Island aux États-Unis, où elle meurt en 1987.
Une enfance solitaire, une femme libre et cosmopolite. Les gestes affectueux lui viennent des domestiques, mais, « les yeux ouverts », c’est avec son père qu’elle fera l’expérience du monde, les musées, les découvertes de Paris, où « il y avait le commencement du grand rêve _de l’histoire, c’est à-dire le monde de tous les vivants du passe ». On lui doit L’Œuvre au noir, Mémoires d’Hadrien et bien sûr, Archives du Nord, entre autres chefs d’œuvre. « Mes plus forts souvenirs sont ceux du Mont-Noir parce que j’ai appris là à aimer tout ce que j’aime encore», écrit-elle. Elle confie à l’écrivain et poète belge Jozef Deleu : « La Flandre constitue l’émerveillement de ma vie, le pays des grandes émotions … »
Annie DEGROOTE
Autrice, chroniqueuse, comédienne, auteure d’une vingtaine de romans historiques et d’ouvrages en hommage à ses Flandres natales. Chevalière des Arts et Lettres, médaille d’or de la Renaissance française pour le rayonnement culturel, lauréate de plusieurs prix littéraires, et membre du Comité d’honneur des
« Écrivains des Hauts-de-France littéraires extérieures ».