Ecrivains des Hauts-de-France

Cet appel à l’authenticité est resté marqué chez les différents intervenants lorsqu’il s’est agi de considérer les mots comme véhicules de la pensée. « Si je devais conseiller les étudiants de l’ISTC en la matière, lance Betty Rygielski, je leur dirais, soyez vous-même pour convaincre, allez-y avec les tripes. » « Et prenez surtout du plaisir.» a renchéri Hervé Leroy, tandis que Dorothée Catoen les invitait, après avoir réfléchi à la portée des mots sur les émotions du receveur, à garder un enthousiasme constant lorsqu’ils sont prononcés.

Les mots dans la sphère médiatique
Les mots jouant un rôle important dans la sphère médiatique, Piero Turchi a souhaité savoir comment ceux-ci évoluaient dans le milieu du journalisme. « Le journaliste est confronté de plus en plus à la langue de bois, qui ne concerne plus uniquement que les politiques. Même les sportifs prennent des cours de langue de bois : « L’essentiel, c’est les trois points… » a rappelé Hervé Leroy. Le format des media, tant en presse écrite qu’audiovisuelle va également avoir une influence sur le pouvoir des mots. Ce n’est pas pour rien que les publicitaires empruntent à la littérature la force des mots, ont souligné les intervenants.
Un autre débat a porté sur la féminisation des mots, qui, très présente au Moyen Âge, va disparaître en même temps que les successions royales échapperont aux femmes, et dès lors que l’Académie française, créée par Richelieu, ne sera composée que d’hommes. Betty Rygielski a réagi sur ce thème bien précis. Selon la juriste, la féminisation des mots a une portée importante sur le rapport homme/femme, et notamment lorsqu’il s’agit dans certaines affaires de traiter du rapport de domination des hommes violents.

La novlangue : appauvrissement ou évolution nécessaire ?
La novlangue devait être évoquée lors de cette rencontre. Appauvrit-elle le sens des mots ? Enrichit-elle la langue française ? A-t-elle un impact sur la société ? Les uns et les autres se sont accordé à admettre que la nature même de la langue était d’évoluer. En rappelant cependant comme Alain Streck que « la connaissance des mots nous fait comprendre des autres et mieux comprendre les autres. » Dorothée Catoen, intervenant occasionnellement en milieu carcéral, a pu observer que, pour ceux qui participent à ses ateliers, celui qui lit est celui qui représente la sagesse et devient en quelque sorte figure tutélaire.
Déconstruction des mots, responsabilité de l’éducation et de l’enseignement supérieur, ont été autant d’autres sujets abordés, et que l’assemblée a continué de nourrir pour poursuivre cette soirée enrichissante. Les acteurs de cette table ronde leur ont ainsi offert… le dernier mot.

Dominique Dachicourt


Dark Romance : Un phénomène qui interpelle

Pas un mois actuellement ne passe sans qu’un magazine ou un quotidien, en presse écrite, numérique ou audiovisuelle ne s’accapare du phénomène grandissant de la Dark Romance. Un genre littéraire venu des USA et destiné à l’origine aux 11/13 ans, puis peu à peu déplacé par les libraires vers les
rayons des Young Adult.

Alors, de quoi s’agit-il et pourquoi le sujet interroge-t-il autant ?
Il y a quelques années, quand il s’agissait de se procurer quelque histoire glamour, Harlequin était le meilleur pour répondre à la demande de ces lec-
teurs. Puis s’est ouverte il y a une dizaine d’années la voie de la New Romance, avec pour exemple emblématique Les cinquantes nuances de Grey, narrant une histoire d’amour et de domination entre une jeune diplômée et un puissant homme d’affaires, le tout bien érotisé. La Dark Romance, lit-on souvent, serait la prolongation de cette ten-dance. Sauf que depuis, on est passé du glamour au trash, et pire encore, selon certains observateurs qui dénoncent dans ce nouveau genre une forme de manipulation perverse des adolescents, filles comme garçons.

Ce genre littéraire repose effectivement tou-jours sur un schéma de domination masculine et d’humiliation féminine. Certes un scénario immuable, sauf qu’on est passé du riche homme d’affaires séducteur au pire mafieux crapuleux n’hésitant pas à abuser psychologiquement et physiquement de ses conquêtes, jusqu’à rendre ses jeunes partenaires accros de relations toxiques, soumission, viols…
Ce qu’il convient de relever face à ce genre littéraire qui attire un lectorat féminin et masculin de plus en plus jeune, c’est qu’il va complètement à contre-courant du mili-
tantisme courageux de celles qui ont lancé le mouvement Me Too, remettant ainsi en question l’égalité homme-femme.

Certes, toutes ces histoires ne demeurent toujours que de la fiction, et la censure ne saurait être un frein à l’intérêt porté à ce type de lecture, bien au contraire. Alors, comment demeurer vigilant pour que la littérature n’influence pas les comportements des adolescent(e)s ?

A toute époque, la conscience individuelle, l’éducation, la juste appréciation des valeurs pour une vie sereine en communauté, l’équilibre, le dialogue, ont toujours apporté les meilleures réponses. Nous avons la chance d’être dans un pays de liberté d’écrire et de lire, cette liberté s’offre aux ados mais le devoir des parents est bien de savoir à quoi elle les ouvre… surtout si l’enfant n’ose en parler ou le cache sous son matelas.

Alors, et si les parents échangeaient leurs lectures avec leurs ados….

Dominique Dachicourt


A quoi sert un correcteur ?

« Pourquoi faire appelle a un correcteur ? Se n’est pas si grave de faire des fotes, si ? Ah, sa géne peut être un peu la lecture quant même, non !
Version corrigée : Pourquoi faire appel à un correcteur ? Ce n’est pas si grave de faire des fautes, si ? Ah, ça gêne peut-être un peu la lecture quand même, non ? »

Félicitations, vous venez d’achever votre roman, votre mémoire ou votre site internet, vous l’avez fait relire par votre beau-frère, votre grand-mère ou votre voisin, mais est-ce suffisant ? Vous avez passé du temps à rédiger votre œuvre, alors autant aller jusqu’au bout du processus et faire appel à un correcteur pour un rendu impeccable, source de crédibilité !
Contrairement à certaines croyances, le recours à un correcteur professionnel n’est pas à négliger, même s’il a un coût, car c’est lui qui ouvre la porte de votre ouvrage à vos lecteurs qu’ils soient éditeurs, professeurs ou de toutes autres professions. Une mauvaise orthographe dépose un brouillard sur votre texte en le rendant pénible à lire.
On peut être bon en orthographe, très bon même, mais toutes les personnes bien intentionnées, qui veulent vous aider, auront-elles repéré que le prénom d’un des personnages page 35 est écrit différemment page 128 ? Savent-elles que le Français avec une majuscule est correct pour le citoyen, mais pas pour notre belle langue ? Auront-elles repéré le pléonasme page 37 « voire par exemple », le barbarisme page 154
« rénumération » ou la simple coquille page 177 ? Pas forcément… Et ce ne sont que quelques exemples de l’ampleur de la tâche d’un correcteur.
Le correcteur a été formé pour « détecter » les fautes de ponctuation, grammaire, syntaxe, etc. Il est un œil extérieur qui n’est pas impliqué émotionnellement, il sait prendre du recul sur le texte, il est humble, et vérifie, revérifie et re revérifie… Il doit être vigilant à tout, repérer les répétitions, veiller à la concordance des temps, vérifier les dates, ajuster la ponctuation (une virgule mal placée peut changer le sens d’une phrase, si si…), détecter les espa-ces manquantes (oui oui, mot féminin en typographie !).
Le correcteur est comme un chasseur : toujours à l’affût !

Delphine Delelis

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