N°3 – Pourquoi le processus de création vous a-t-il pris si longtemps (10 ans) ?
J’avais, depuis plusieurs années, des idées éparses qui me paraissaient très stimulantes narrativement et que j’ai essayé d’associer. La trame narrative a été la première étape puis vint le scénario et enfin la déclinaison en chapitres et en storyboard, soit 316 planches que je me suis attelé à dessiner. Je voulais un travail de qualité, tant graphiquement que scénaristiquement, ce qui m’a conduit à faire énormément de recherches documentaires. De plus, j’adore le processus créatif au sens large et le fait de dessiner au bic noir, avec ses contraintes, oblige à rivaliser d’ingéniosité pour créer de la texture, créer des niveaux d’ombres ou réparer une erreur..
Les lecteurs de l’Orfèvre ont souvent beaucoup de questions sur la symbolique de l’album et ses références au monde de la bd, du cinéma. Avez-vous été surpris par certaines de leurs interprétations ?
Cette BD a en effet été conçue comme un support à la réflexion. L’aspect, le schéma narratif, l’histoire elle-même et les dessins (qui utilisent de nombreuses références littéraires, artistiques, cinématographiques et historiques) sont pensés pour surprendre le lecteur habitué à lire des BD et l’inviter à la relire afin de découvrir de nouveaux éléments apportant un autre regard au récit. L’enquêteur est autant le(s) héros que le lecteur lui-même mais c’est à lui et à lui seul de faire sa propre interprétation car rien n’est plus grisant, selon moi, que de découvrir et s’interroger.
par Xavier Lancel