Bientôt centenaire, je ne sors plus beaucoup mais de ma fenêtre, je prends toujours beaucoup de plaisir à observer la vie de ma rue.
Le café Bentein était le point de rendez-vous des supporters du Sporting Fivois.
En semaine, l’affluence dans le petit Mongy était des plus normales pour un tramway. Mais le dimanche, quand le Sporting Club Fivois recevait au Stade Virnot, c’était tout à fait différent.
Place des Buisses, avant de partir, il était déjà complet : en traversant les remparts quelques supporters réussissaient à s’introduire, tant bien que mal, entre les passagers déjà assis qui s’énervaient.
Rue des Guinguettes, il ne restait plus que les marche-pieds à prendre d’assaut.
Rue de Bouvines, surchargé, il s’essoufflait, à l’entrée de la rue de Lannoy des supporters intrépides réussissaient à s’agripper aux fenêtres et aux tampons sous les cris, menaces et injures du contrôleur.
A l’arrêt de la rue Gosselin-Necker, Stade Virnot, quasiment tout le monde descendait, les premiers montés reprenaient leur souffle et il n’était pas rare que l’on soit obligé de réconforter quelques inanimés à coups de Genièvre au café d’Émile et Clémence Bentein, débit de boissons, vendeurs de cycles et réparateurs, un répare café avant l’heure, devenu depuis, l’extension de la Maison Thel. Emile, coureur cycliste renommé, participant de plusieurs Paris Roubaix, par ailleurs beau-père de Marius Dudziak, un sacré ailier gauche de l’équipe de Fives !
Notre tramway allégé reprenait son petit train train vers la Chapelle d’Elocque Lys-les-Lannoy et Leers terminus. Après le match, les supporters rentraient le plus souvent à pied commentant de bistrot en bistrot les ratés ou les exploits des joueurs Fivois. Si Fives avait perdu, ils noyaient leur chagrin, si Fives avait gagné, ce qui arrivait le plus souvent, ils arrosaient la victoire, tout heureux d’avoir passé un beau dimanche.
