Dans le calme de la Vieille Bourse, j’reprends des forces avant de pousser jusqu’à Répu. J’croise pas la foule sur les pavés. La place accueille des brumisateurs qui rigolent pas, jets puissants, j’me rue dessous jusqu’à dégouliner. Le T-shirt moule ce corps qui garde les traces des raclettes de l’hiver. Un couple de voyageurs à vélo m’imite, porte-bagages qui déborde, alors qu’à quelques mètres on entend les cris du troupeau qui se rapproche.
Les mioches déboulent, les animateurs hurlent, j’décide de céder la place, faudrait pas que leurs voix stridentes m’arrachent encore plus le crâne. J’chope le bas de mon t-shirt pour
m’essuyer les yeux, mes paupières s’ouvrent sur leurs yeux rieurs. Elles sont là. Les sourires sur ma grimace. Comme moi, elles traînent et font de cet énième jour de canicule une possibilité de vivre. J’me dis que l’errance est douce. Ces filles sont un voyage, l’éclat d’un été qu’on ne croyait plus possible, et font de Lille ce bout du monde qu’on
imagine parfois.
Scolti