Plusieurs étages à déménager, il faudra six gros bras et quatre camions. Une affaire qui à coûté une certaine somme. La locataire, désemparée, avait réussi à trouver chez un de ses amis, un local pour entreposer tout son matériel.
Le deuxième jour, nous arrivons au grenier et nous tombons sur une immense malle
que les déménageurs eurent bien du mal à descendre par l’escalier en colimaçon.
Je la fais ouvrir pour en faire l’inventaire, stupéfaction, elle contenait quatre squelettes plus ou moins bien conservés. J’étais bien ennuyé, le procureur aussi.
« Faites un rapport et transportez les à l’institut medico légal, exigez un reçu et un descriptif ». Sur ce, l’artiste arrive :
-Mes moines ! vous avez pris mes moines ! Rendez moi mes moines…
Selon elle, ils avaient été entreposés provisoirement chez elle par un curé de l’église Saint Joseph de la rue Gantois, avant sa démolition, en attendant de leur trouver une sépulture définitive.
Entre temps, le curé était parti au ciel, sans ses moines.
Épilogue : Quelques années plus tard, quelle n’a pas été ma surprise ! En étudiant le compte rendu financier de la ville de Lille, je lis que madame Martine Aubry avait fait voter une subvention pour enterrer ces braves hommes au cimetière du Sud, trouvant enfin une sépulture, espérons-le, définitive. Si un lecteur a de plus amples renseignements sur les moines inconnus, les colonnes de La Gazette lui sont ouvertes.
L’accordéon du malheur
J’avais été obligé de faire saisir un brave garçon qui se trouvait dans une impasse financière. Il y avait un accordéon, juridiquement, il était saisissable, mais devant le désarroi du jeune homme voyant partir ce souvenir de son grand père, j’ai fermé les yeux. Cela fait une bonne vingtaine d’année, que l’instrument attend toujours dans un carton, son propriétaire. Je le regarde de temps en temps et revois la détresse du jeune homme.
Un livre de Jacques GEESEN
Me Geesen est aussi l’auteur de «L’Abbé des anges» paru en 2017