Claudine Valmont : prix littéraire Alexandre Desrousseaux 2017

Le 1er prix a été décerné à Claudine Valmont pour Louise (rue de Saint André)

Qui mieux que le père du P’tit Quinquin,
Alexandre Desrousseaux, pour le nom
du concours littéraire des rues de Lille !

Organisé par La Gazette de Lille et les Mardis d’Ailleurs, cette 1ère édition à permis de recueillir 45 textes. Le 1er prix a été décerné à Claudine Valmont pour Louise (rue de Saint André).

«Quelques soient les rues de Lille, petites, majestueuses, tortueuses, sombres, attirantes ou gourmandes, elles ont toutes une histoire à raconter», nous disait Franck Hanoh, Lillois jusqu’au fond de lui même. Il y a celle où on est né, celle de notre première école, des premiers baisers, celle où on habite, celle où on aimerait vivre. Des modestes, des prétentieuses et des prestigieuses. Le prix Alexandre Desrousseaux est né d’une discussion à bâtons rompus autour d’une bonne table avec Gérard, Marie, Elizabeth Saint-Michel et Michel.

Pour une première, c’est une réussite ! Nous préparons la seconde édition avec plus de prix et plus de surprises.


Claudine Valmont pour Louise (rue de Saint André) :

Je me prénomme Louise, j’ai quatre-vingt-cinq ans. J’habite Lille, rue Saint -André, depuis soixante ans. Cette rue est la mienne. Je la possède bien plus qu’un propriétaire immobilier, bien mieux qu’un promoteur. Je l’ai vue malade, je l’ai vu souffrir, je l’ai vu renaître. Jamais je ne l’ai abandonnée.  J’occupe un appartement au premier étage d’une maison redistribuée en divers logements. En dessous, au rez de chaussée, un restaurateur s’est installé. Il s’appelle Didier. Il est jeune et sympathique, bel homme, grand,brun,portant très bien la moustache, élégant, poli, bien élevé.Le samedi soir, je vais l’aider…pas pour le service bien sûr, je ne suis plus suffisamment alerte, mais pour lui laver quelques casseroles quand le restaurant est plein et que le chef se cuisine est débordé. Il monte en vitesse les quelques marches qui nous séparent et m’appelle: «Louise, Louise ,nous n’avons plus de casseroles propres, le chef est dans le jus ! »

Je descends alors et m’installe à la plonge, une heure ou deux. Comme je ne veux pas qu’il me paie, Didier m’offre un délicieux plat de poisson. C’est la spécialité du restaurant, le poisson. Il me laisse choisir ce que je veux sur la carte et me sert, comme si j’étais une vraie cliente.

Je m’appelle Didier. J’ai ouvert il y a quelques mois un restaurant de poisson, rue Saint-André.

Très vite, cette rue est devenue mienne. Tout le monde se connaît.

A quelques minutes du restaurant se trouve la Place du Concert et son marché. J’y rencontre d’autres restaurateurs et aussi notre voisine du dessus, Louise, une petite vieille adorable. Un jour, elle m’a confié que les samedis soirs lui donnaient le cafard depuis que son mari était décédé.

Alors avec le chef, nous avons décidé de faire appel à elle tous les samedis. Elle nous donne un coup de main à la plonge, et surtout je sais que nous lui offrons un sacré plaisir en lui proposant de choisir une de nos spécialités… A la fin du service elle s’installe à la petite table du fond, celle réservée aux intimes, et le chef lui prépare une belle assiette.

Lorsqu’elle l’a terminée, nous nous asseyons un moment avec elle.

Elle nous raconte alors l’histoire de sa rue, depuis le début…prospérité, insalubrité, destruction, renaissance…

Jouxtant le restaurant, il y a un bar marocain, «Le petit Tonneau».

Quand je me suis installé, j’étais plutôt méfiant, mais très vite nous avons créé des liens. Ali en est le propriétaire.

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