Depuis 1975, en plein cœur du domaine universitaire de Pont de Bois à Villeneuve d’Ascq, il existe un cinéma associatif dont l’organisation est unique en France. Son nom ? Le Kino-Ciné, classé Art & Essai depuis 1978.
Programmant films du monde, classiques restaurés, documentaires, et même d’audacieux ciné concerts et autres spectacles hybrides, ses maîtres mots_ sont l’accessibilité, le partage et l’exigence artistique. Avec de nombreux partenaires locaux, aidant à la réalisation de rencontres et de ciné débats en son sein, la structure tisse un réseau fort au service d’un cinéma vivant et participatif. Le Kino-Ciné rayonne aujourd’hui comme l’un des foyers culturels majeurs de la métropole lilloise, et Patrice Gostijanovic en constitue l’âme. Directeur depuis 2018 et héritier de l’esprit originel du lieu, qu’il transmet aux jeunes étudiant.es <http://xn
-tudiant-9xa.es> bénévoles, il incarne une vision
forte du cinéma, qu’il ambitionne comme un outil d’éveil et de débat : les salles obscures sont pour lui un endroit de découverte, mais aussi des moyens de comprendre le monde, et, peut-être, de le transformer un peu. Rencontre avec l’homme, coordinateur engagé du Kino-Ciné, et, de surcroît, cinéphile passionné.
Patrice, pouvez-vous nous en dire plus sur ce qui fait la spécificité du Kino-Ciné en France ?
Déjà’. il faut resituer l’ancrage historique du projet
: le lieu est né d’un collectif formé d’étudiants et d’enseignants qui, dès 1975, rêvait d’un lieu de projection participatif, permettant à l’ensemble des universitaires d’avoir un terrain de diffusion et de débat quant au septième art. Il faut être conscient de la singularité de cette initiative : Lille-Ill est la seule université en France à avoir ça ! Plus encore, je dirais que le Kino-Ciné est devenu un laboratoire de création et de curation: non seulement il permet aux étudiants de cultiver un terreau fertile pour la diffusion culturelle, mais plus encore, il expérimente
avec des festivals et des événements thématiques. Par exemple, en 2023, nous avions diffusé L’AURORE (Friedrich Wilhelm Murnau, 1927) en ciné-concert ! Plus récemment, cela se vérifie encore : nous avons aussi restitué une mode des années 90 tombée en désuétude, en organisant un festival des étudiants en 2023, et à nouveau en 2024. Ce que j’entends par festival des étudiants, c’est qu’il est justement organisé par de jeunes étudiants, spécialisés dans le cinéma, et il est ouvert à tous ! Nous accueillons également régulièrement des experts ou des associations pour présenter certains films à l’occasion de ciné-débats, qui ont pour but de créer une interaction avec le public. Le Kino-Ciné est donc un lieu vivant, inclusif, qui fait rayonner la culture cinéphile et universitaire à Villeneuve d’Ascq, et plus globalement dans la métropole lilloise.
Les étudiants interviennent-ils aussi dans l’organisation de la structure ?
Tout à fait ! Les étudiants sont spectateurs du Kino-Ciné : nous pratiquons des prix d’entrée particulièrement accessibles. Mais ils en sont aussi en partie gestionnaires ! Sur la base du bénévolat, les étudiants peuvent ainsi rejoindre l’équipe, et directement influer sur la programmation : ils sont des acteurs premiers des choix de ce qui est projeté au Kino-Ciné. Bien sûr, notre positionnement Art & Essai nous oriente vers des choix affirmés, et même une certaine exigence, mais cette particularité fait du Kino-Ciné un cas unique: la programmation est riche et tout à fait singulière. Par ailleurs, une grande partie de l’énergie employée par ces étudiants est tournée vers la communication, qu’elle soit celle des réseaux sociaux, ou même celle de médias journalistiques d’un tout autre rayonnement ! Cela nous offre une certaine visibilité médiatique, et nous sommes donc déjà apparus dans La Voix du Nord, ou dans Vozer, par exemple. Plus généralement, l’engagement étudiant correspond à la visée intergénérationnelle que je souhaite conférer au Kino-Ciné. Ce lieu doit être une plate-forme d’échanges et d’apprentissage:
certains en profitent pour s’exercer à l’accueil, à la vente, à la régie, d’autres à la gestion de la cabine de cinéma (manipulation d’un projecteur), peut-être même certains se découvrent-ils des vocations.
