Votre contrat au sein de l’orchestre national de Lille prend fin en septembre 2024. Qu’allez-vous faire après ?
Prendre le temps de trouver un endroit qui me conviendra et où je pourrai atterrir.
Plus précisément, vous quittez la direction musicale de L’O.N.L fin juillet ? Est-ce la fin d’un mandat ?
Oui, je quitterai la direction musicale de l’orchestre national philharmonique de Lille. En fait, c’est ce qui se fait dans les grands orchestres. J’ai terminé les contrats pour lesquels j’étais engagé depuis 2016.
Est-ce que Jean-claude Casadesus a encore un peu son mot à dire au sein de L’O.N.L ?
Il a fondé l’orchestre il y a plus de quarante ans donc forcément il y a un attachement auprès du public, des partenaires, des musiciens. Il revient diriger l’orchestre au moins deux fois par an. C’est le chef fondateur. Il a ce titre mais ne participe pas à la programmation de la saison de l’orchestre. Il décide en lien avec la direction des séries qu’il dirige.
Et quelles sont vos perspectives après l’ONL ?
Pour l’instant, j’ai pas mal de projets, des choses ponctuelles dans les orchestres où je suis invité, comme ce que je faisais déjà avant et durant ma période lilloise.
En France, à l’Étranger ?
Beaucoup à l’étranger plutôt (prochainement en Allemagne, Autriche, Australie, Israël…)
Vous allez partout dans le monde ?
En Europe, il y a beaucoup de pays à voir. C’est pratique car j’habite en région parisienne et en deux heures on est presque partout. J’aime bien aussi m’excentrer : le mois prochain je vais en Australie, en Tasmanie plus exactement, l’an prochain je repars en Israël. J’ai aussi des projets aux États-Unis pour les prochaines saisons. Mais je dirige surtout en Europe ( Allemagne et Angleterre).
Donc cela fait huit ans que vous êtes devenu le directeur musical de l’ONL ?
Je suis arrivé il y a huit ans, enfin dix ans exactement… j’étais venu diriger pour la première fois à Lille. J’ai tout de suite accroché avec la patte sonore et l’état d’esprit des concerts, avec les musiciens et leurs qualités artistiques, aux possibilités offertes. En octobre 2014, j’ai dirigé pour la première fois un programme autour du Concerto de Bartok. En mars 2015, j’ai remplacé au pied levé un chef d’orchestre invité. J’avais un jour pour apprendre tout le programme et on a fait une série autour des Danses Symphoniques de Rachmaninov. De là est venue une autre invitation en octobre 2015 pour un projet particulier autour de la danse et surtout de la danse de rue. Avant cela, je suis allé avec l’orchestre au festival de la Chaise Dieu en août 2015 pour deux programmes autour de Beethoven, Chopin. Suite à cela, en novembre 2015, le directeur général François Bou m’a fait part d’une ouverture de poste. Jean-Claude Casadesus allait cesser la direction de l’orchestre et l’équipe commençait le recrutement d’un nouveau directeur musical. J’ai postulé et ai finalement été retenu.
J’imagine que vous connaissiez Jean-Claude Casadesus ?
Non ! La première fois que je l’ai vu c’était pour les trente ans de l’Orchestre National de Lille. J’étais étudiant au Conservatoire de Lille, en classe de direction avec Jean-Sébastien Béreau. En 2004 mes parents sont venus habiter ici. Deux ans après, avaient lieu les 30 ans de l’orchestre. Pour l’occasion, l’orchestre avait commandé trois fanfares à trois compositeurs en résidence. C’est ainsi que je suis entré pour la première fois à l’ONL et au Nouveau Siècle. Je me rappelle très bien, l’orchestre interprétait la Valse de Ravel : une pièce que j’adorais déjà ! J’ai rencontré Jean-Claude quand il est venu me voir lors de ma première direction en 2014, il était très aimable. Une fois en poste j’ai appris à le connaître et à discuter un peu plus avec lui. Il a fait énormément pour cet orchestre, cette région, ce public.
Qu’est-ce que vous garderez de positif durant ces huit ans à Lille ?
C’est à dire tout, bien sûr ! Il y a vraiment beaucoup de bons souvenirs.
Un évènement en particulier pendant ces huit ans ?
Non, c’était vraiment chaque fois un plaisir crescendo. Parce qu’à chaque fois l’orchestre grandissait dans une direction que j’impulsais… Et le lien s’est noué très rapidement. Je suis très fier de voir que l’orchestre est très concentré pour faire un travail très
efficace.
Jean-Claude Casadesus a voulu démocratiser la musique en la rendant accessible à un maximum de publics différents et à ceux qui n’y ont pas accès. Avez-vous décidé de continuer dans la même lignée que votre prédécesseur ?
Jean-Claude était le pionnier dans l’art de partager la musique au plus grand nombre et toujours avec l’excellence artistique. J’ai effectivement continué dans cette lignée, c’est ce dont j’avais envie, avec l’envie d’aller encore plus loin artistiquement. On sait très bien que générations après générations, les niveaux des musiciens sont de plus en plus exigeants et de plus en plus virtuoses. J’avais envie de développer l’orchestre avec de nouvelles collaborations, avec d’autres arts pour toucher un public plus différent.
Alors le fait de jouer dans des lieux un peu atypiques, dans des églises, ou des salles polyvalentes, est-ce que quelquefois il n’y a pas des soucis ou des problèmes d’acoustique ?
On ne joue pas beaucoup dans des églises, parce qu’en effet c’est compliqué acoustiquement. Maintenant on a une organisation très rodée pour entreposer des gradins, amener une certaine ambiance lumineuse, pour la mise en place d’un plan technique précis. Évidemment ce n’est pas le Nouveau Siècle ni pour les musiciens ni pour le public mais ce sont de très beaux endroits.
Avez-vous un compositeur favori ?
Je n’ai pas de compositeur favori, mais mon attirance va tout de même pour Mahler.
Comment se sont faits vos débuts dans la musique ?
A quel âge avez-vous commencé la musique ?
Je viens d’une famille de musiciens. Commencer la musique est un bien grand mot ! J’ai commencé vers six ou sept ans le violoncelle. Mon père était musicien amateur et écoutait énormément de musique. Est-ce que j’ai voulu en faire mon métier ? C’est une autre histoire ! Mais voilà …
Vous avez étudié dans plusieurs conservatoires ?
Principalement à Tours, Orléans et Lille. Puis je suis passé au Conservatoire National de Paris, mais pas pour le violoncelle, en écriture musicale et ensuite en direction d’orchestre.
Est-ce que vous pouvez nous dire en moyenne combien de concerts vous dirigez par année ?
Trente à cinquante je pense. Cela dépend des saisons.
Ce qui fait en moyenne deux ou trois concerts par mois ?
Plus que cela ! Là j’ai à peu près dix ans de carrière donc entre 300 et 500 concerts depuis que j’ai commencé ce métier .
Et donc vous avez joué dans plusieurs pays. Faut-il une mappemonde ?
J’ai parcouru beaucoup de pays. Ce qui est vrai, c’est qu’en Europe, par exemple l’Allemagne, où il y a une vraie vie culturelle riche, nous pouvons y retourner régulièrement et jouer dans plusieurs villes à chaque fois. Sinon en Europe, je peux citer l’Angleterre, les Pays-Bas, la Belgique, la France bien sûr, l’Italie, l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, la Pologne, la Hongrie, la Roumanie… et pour le nord, le Danemark, la Norvège seulement et puis la Russie.
En fait pour résumer, vous avez joué dans les cinq continents ?
J’ai dirigé aux États-Unis, au Canada, à Séoul, en Chine à Pékin,en Australie dans plusieurs de ses régions.
Voilà je voudrais maintenant parler du nombre d’enregistrements que vous avez faits depuis vos huit ans à la tête de l’ONL. Combien ?
Huit. Et le dernier est sorti en octobre dernier « Bartok : Concerto pour Orchestre, et Concerto pour altos ».