Dialogue avec l’Histoire
D’une enfance passée très loin des musées, l’artiste a conservé une profonde fascination pour ces lieux où l’art est sacralisé, et il ne cache pas son excitation à l’idée d’être autorisé aujourd’hui à venir jouer dans l’une des plus belles institutions de Lille : le Musée de l’Hospice Comtesse. Il y a une authentique dimension ludique dans l’œuvre de ce touche-à-tout qui s’adonne avec le même plaisir à la peinture, au dessin, à la musique, ou à la transformation d’objets. Pour l’artiste, il n’y a rien de plus jouissif que de dénicher des matériaux de récupération, de les bricoler et de leur donner une seconde vie, en essayant de rendre le plus justement possible ce qu’il voit et ressent. Il en faut des heures d’observation pour capter et reproduire l’essence des êtres et des objets, surtout quand ces derniers sont vieux de plusieurs siècles ! Avec son art faussement naïf mais vraiment technique, en travaillant inlassablement la matière à la manière d’un artiste-artisan, Philippe Hollevout rend un hommage simple et sincère aux précieuses collections du musée. Comme avec son livre, l’artiste ne voulait surtout pas être anecdotique. Voilà pourquoi il a souhaité donner à cette exposition un fil conducteur, celui de l’histoire d’un petit garçon, chérubin évanescent, que l’on suit à travers le musée, dans un parcours onirique aux étonnants jalons de carton. Mais ce n’est pas tout !
Une salle consacrée aux planches dessinées de son livre, des peintures disséminées dans les salles (des personnages en bleu de travail pourraient bien remplacer les notables des siècles passés), des vitrines abritant certains de ses objets fétiches, sans oublier son légendaire Dessin-Maton… pendant 3 mois, l’univers de Philippe Hollevout résonnera avec l’Histoire. Un écho qui se fera aussi musical. En déambulant dans le musée, vous découvrirez des magnétophones de carton diffusant des morceaux concoctés par l’artiste et Lucien, son petit garçon, son inépuisable source d’inspiration. Et pour clôturer cette exposition, qu’il appelle non sans humour « mon Olympia à moi », l’artiste organisera un concert intitulé « ma femme a été mangé par un crocodile », où l’art de transformer des sujets personnels en rêveries poétiques et universelles. Un été animé qui sera suivi de nombreux autres projets : une fresque à Fives, une BD, une chaîne YouTube consacrée à des portraits de femmes d’aujourd’hui… rien n’arrête cet homme-orchestre !
Oncle Flo