Alain Cadet raconte….

La chaîne – publique – la RTF (Radiodiffusion – Télévision Française), qui va devenir bientôt l’ORTF a été créée l’année précédente. C’est la belle époque de l’image noir et blanc en 819 lignes. Le public ne dispose alors que de minuscules écrans montés dans de petits postes arrondis. Cette première émission est 100 % Chti. Elle débute par un sketch de Line Dariel et de Simons, les deux vedettes les plus populaires de la Radio PTT d’avant-guerre. Le premier studio est minimaliste (12 m²) tandis que le second inauguré l’année suivante – en 1951 – est un peu plus spacieux (55 m².) Le 29 juin 1951, Télé Lille propose le premier journal régional de télévision. Les deux réalisateurs sont Fernand Vincent et Bernard Clayes tandis que l’animateur vedette est Robert Lefebvre.

 

Les journalistes sont, Jacques Navadic et Robert Diligent. Ils créeront quatre ans plus tard le journal télévisé de Télé Luxembourg (désormais RTL Télévision). La speakerine est Nicole Grunderman. Non seulement, elle assure la liaison entre les séquences mais elle est aussi chargée de meubler les blancs consécutifs aux aléas techniques, très nombreux à cette époque. La chaîne régionale diffuse aussi des interviews, des pièces de théâtre, des spectacles de marionnettes, des émissions de variétés et des films. Le studio est particulièrement spartiate : une seule caméra, deux projecteurs, aucune possibilité d’enregistrement ou de montage pour deux heures d’émission quotidienne. Pour y accéder, il faut gravir chaque jour, 251 marches, chargés de bonbonnes d’eau distillée indispensables pour le refroidissement de l’émetteur de 200 Watts.

Avant 1952 les actualités télévisées nationales parvenaient à Lille par le train de Paris de 11 heures du matin. Il y avait donc un décalage de 24 heures dans la diffusion de l’information entre Paris et Lille. Avec un tout nouvel émetteur installé cette année-là, Lille devient le premier relais en Régions de l’émetteur parisien de la tour Eiffel. L’un de ses grands exploits et d’avoir permis de retransmettre en direct, le 2 juin 1953, le couronnement de la reine d’Angleterre, Élisabeth II. Les lillois sont émerveillés. Très peu possèdent alors leur propre poste de télévision. Ils se précipitent dans les rues, devant les magasins d’électroménager qui en disposent. Certains, très organisés, viennent même avec leur siège pliant pour ne pas rater une miette du spectacle qui peut durer parfois plusieurs heures. En 1957, le studio sera transféré au 36 du boulevard de la Liberté où se trouvent toujours, aujourd’hui, les installations techniques de la station régionale de France Télévision.

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