Alain Cadet raconte….

3 la Grande galerie de la mairie, encore appelée la rue municipale, le Grand Hebdomadaire du Nord de la France, avril 1927

Il offre la possibilité de construire un bâtiment adapté aux besoins du moment mais aussi susceptible d’évoluer dans le futur. Dubuisson opte pour un gros œuvre solide et de grande qualité à l’intérieur duquel on pourra moduler les cloisons, afin de pouvoir adapter l’édifice à de nouveaux usages, un concept emprunté à l’architecture industrielle et commerciale. « L’hôtel de ville d’une grande cité industrielle, la Maison commune, doit être conçu de façon différente » écrit-il en 1922.

4 Le moulage des piliers de béton supportant l’hôtel de ville, col. Dubuisson, musée de la Chartreuse de Douai

« L’ensemble des bâtiments administratifs est constitué d’une ossature dans laquelle les cloisons peuvent être établies ou supprimées suivant les modifications ou extensions des services ». L’autre grande option du projet est l’utilisation du béton armé, un matériau solide et pérenne.

24/06/1928
5 l’un des piliers moulés en béton armé avec, à côté, probablement Emile Dubuisson, lui-même, la Construction Moderne, 1928

Dans les années 1920, cette technique n’est plus réservée aux bâtiments industriels et militaires comme c’était le cas avant-guerre. Mais, en général, on recouvre le béton de briques, pour cacher les secrets de la construction. Dubuisson, au contraire, va utiliser le béton comme élément décoratif, laissant apparente une grande partie de l’ossature, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du bâtiment, faisant de cet hôtel de ville de Lille un emblème de la nouvelle architecture. « L’œuvre de l’architecte Émile Dubuisson est un véritable enseignement. La conception des façades nous montre l’alliance raisonnée du béton armé et de la brique dans un grand édifice moderne. » écrira Anthony Boisseau à la fin de la réalisation de la première tranche. Dubuisson va faire construire, sur mesure, des moules spéciaux en fonte d’aluminium qui vont permettre d’obtenir des figures originales comme ces chapiteaux et colonnes en forme de champignons, avec une surface des matériaux qui ressemble à celle de la pierre polie. Dubuisson est un précurseur de notre époque.

6 Le moulages d’un pilier col. Dubuisson, musée de la Chartreuse de Douai

Mais, au début des années 20, les plans d’Émile Dubuisson, tardent à se réaliser. En 1923, Gustave Delory qui est malade cède son fauteuil de maire à Roger Salengro. Le chantier de rénovation urbaine, avec en son centre le nouvel hôtel de ville, va pouvoir se concrétiser. Les travaux débutent en 1924 et se termineront en 1927, pour la construction du gros œuvre du Bâtiment administratif.

Alain Cadet

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