Quand j’étais plus jeune on sortait beaucoup. On allait danser Chez maître Pierre, le dimanche. Parties de rigolade. Monique, si tu lis l’article, t’as le bonjour de La Bretonne.
Maintenant je ne sors plus, le métro ça me fait peur. Faudrait qu’un prince charmant vienne me chercher en belle automobile. On irait au Cheval Blanc le dimanche, je mettrai ma plus belle robe pour faire la fête. Une exception pour le premier septembre: c’est mon anniversaire, j’organise le buffet de l’amitié avec mes vieux copains et copines clients.
Et puis il y avait le carnaval, Baudry s’arrangeait toujours pour faire arrêter les fanfares devant chez moi, les souffleurs de trompette, les tambourins, ça a souvent soif, tout bénéfice pour ma pomme, ah! il savait y faire Baudry.
Tout ça c’est fini, alors je vis tranquille, jour après jour. T’as vu, ma boite pour la chandeleur, une pièce, une crêpe, 5ct ou 2 E, on met ce qu’on veut, la surprise demain matin quand je ferai la caisse. Mais pourquoi tu me poses toutes ces questions?
Tu vas parler de moi dans ton journal, arrête, regarde je ne suis même pas coiffée.
Un monsieur entre, je ne l’ai jamais vu, il me sert la main, c’est ça, l’esprit bistrot de quartier. Une dame bien mise lisait le journal.Il faisait froid dehors, là, j’étais bien, il faisait chaud.
Jihem