Compte tenu de l’intensité folle de ton activité, je préfère t’interviewer avant la canicule estivale ! je crois que tu es né avant-guerre ?
Pourquoi pas pendant les grèves de 36 ! Ça commence bien ! je suis un enfant d’après-guerre, né place des Patiniers à Lille.
As-tu eu une scolarité difficile ?
Continue, tu vas voir ! Pourquoi pas comme Causette ! j’ai commencé à Lille, puis nous avons suivi mon père, ses études terminées, qui s’est installé à Lens comme architecte. Compte tenu de mes dessins, le conseiller d’orientation, en fin de 5ème m’a imaginé en dessinateur industriel ! je suis donc revenu à Lille pensionnaire deux ans à l’école Ozanam.
Bon souvenir ?
Bof ! Très moyen à l’Ozanam de l’époque. Heureusement après le BEPC, j’ai convaincu mes parents de m’inscrire à l’école d’art et de publicité de St Luc à Tournai. Après avoir obtenu le diplôme, j’ai étudié pendant trois ans à l’école des Beaux-Arts de Lille place du Concert.
La vie d’artiste ?
C’était une belle période ! avec des copains et des copines, on avait loué un grenier rue de la Monnaie, pas d’eau courante, pas de chauffage ! on a tenu un seul hiver ! et nous avions créé l’atelier de la collégiale, pas gêné, à l’exemple de l’atelier de la Monnaie de Roger Frézin.
Et les études ?
Passionné par les cours d’un professeur parisien, Monsieur Coran, qui enseignait le dessin publicitaire, l’aménagement et la décoration. J’ai obtenu mon diplôme le CAFAS de l’école des Beaux-Arts avec un premier prix pour une façade de magasin. Un concours avait été organisé par la chambre syndicale des marbriers. Avec le diplome j’ai reçu une table en marbre. Je n’étais pas très content par ce que le deuxième prix était un ensemble électrophone stéréo. L’ œuvre marbriére est restée chez mes parents.
Le premier job ?
Après une courte période chez Havas présenté par mon prof Coran, puis au Club Med aux Baléares comme régisseur d’un orchestre fantôme ! je suis embauché au Crédit Mutuel d’Arras où je suis chargé pendant trois ans de la création des dépliants et de la décoration des caisses en qualité de chef de publicité puisque j’étais seul !
On s’assagit ?
Un peu ! j’étais marié. Parti en vacances au Lavandou, je rentre par curiosité dans une agence de publicité installée face à la mer à Toulon. Le patron cherchait un chef de studio. Pas de vacance, on s’installe à Toulon ! et j’y suis resté pendant 6 ans comme directeur artistique de revues immobilières pour la FNAIM.
Le patron veut que tu prennes sa succession ?
Oui, mais suite à un accrochage automobile, on se dispute.Je me vexe, je me brusque, lui aussi. Mes parents viennent en vacances ; je leur fais visiter Aix en Provence et la même histoire m’arrive ! je visite une agence d’édition et on me propose de prendre la suite du directeur artistique récemment licencié ! je dirige alors 11 graphistes féminines et édite des dépliants pour les trois quarts des offices de tourisme français. Je reste six années dans cette entreprise et je participe en même temps à l’édition d’une revue mensuelle à Gap.
Par quel hasard retournes-tu dans le Nord ?
Divorcé, je revenais de plus en plus souvent dans le Nord retrouver mes amis et ma mère qui s’était séparée de mon père. Un jour, des copains d’enfance me proposent de travailler avec eux dans l’édition et je reviens définitivement à Lille. Et puis j’ai retrouvé ma compagne actuelle, que je connaissais depuis bien longtemps .Les deux familles étaient amies depuis que ma grand-mère et son arrière-grand-mère étaient ensemble pensionnaires chez les bonnes sœurs.