Andrea Rose

Tu sembles valider un « c’était mieux avant », que tu n’as pas connu. Qu’est-ce qui te déplait dans notre époque ? Et qu’est-ce qu’il y a à envier au passé ?

Je ne pense pas que c’était mieux avant. Je pense surtout que la notion de temps a changé, mais aussi l’esprit de consommation. Aujourd’hui on ne répare plus, on jette, on change les objets directement. Aujourd’hui, même dans la musique, on ne laisse plus le temps à un titre d’émerger, s’il ne cartonne pas tout de suite il n’a aucune chance de survie. Alors que moi j’aime bien la lenteur, prendre le temps avec les miens, et c’est pas parce que je suis une 2001, que j’ai grandi dans les réseaux sociaux, que je ne suis pas capable d’apprécier les belles choses qui ont été faites dans le passé. C’était peut-être pas mieux avant mais c’est pas mieux maintenant (rires). On a plus de confort, on est en meilleure santé, on mange mieux mais étrangement on sent bien que quelque chose cloche, et c’est vrai qu’il y a de plus belles choses qui ont été faites par le passé, par exemple  dans la mode. Mais on le voit aussi dans la façon d’exprimer les sentiments et dans les rencontres amoureuses. Tout est plus direct, plus brutal, de Messenger à la rue. À ce niveau là je trouve que c’était largement mieux avant. Et puis esthétiquement, on voit quand même que les objets d’avant étaient pensés pour être beaux aussi. Il suffit de regarder les voitures anciennes pour le comprendre. J’adore les vêtements, d’avant, et même les coupes de cheveux pour les femmes : qui peux nier que c’était plus raffiné qu’aujourd’hui ?

Les plateformes permettent une exposition rapide et parfois inattendue, et ton clip a cartonné dès sa sortie. À l’ère de cette exposition, quelle est la place de la pudeur ?

Oui, il cartonne pourtant c’est même pas le plus gros titre qu’on ait en stock ! Justement, je suis quelqu’un de timide, et je pense que la pudeur est une chose importante, et je l’apprends tous les jours. En tant que femme mais aussi en tant que personne. C’est vrai aujourd’hui l’exposition est rapide et on pourrait croire que ça sous-entend qu’il faut tout montrer, tout dire de soi, mais à l’image de l’album qui va venir, je pense  qu’il est important de savoir prendre son temps pour faire de belles choses qui vont justement rester dans le temps.

Tu as été révélée par un concours gagné sur Keakr, en tant que rappeuse. Et c’est en chanteuse que tu débarques aujourd’hui. Comment s’est opéré ce virage radical ?

J’appréhendais cette question. Justement parce que avec les réseaux sociaux, c’est comme si on était une chose et pas une autre. Keakr est une application formidable qui m’a révélé au public. J’ai gagné un gros concours de rappeur, avec un jury de beatmakers professionnels qui produisent pour PNL et d’autres stars du rap. Mais du coup, je me suis retrouvé très vite en production, en studio, avec des gros professionnels comme Axiom. Or c’est le genre d’artiste qui en plus d’être compositeur et auteur est un vrai producteur, très attaché à la cohérence de soi. Il m’a poussé dans mes retranchements. J’ai commencé à beaucoup travailler, des maquettes, à répéter, à bosser ma voix. Tu peux très bien réussir un concours de rappeur si tu bosses à fond. Par contre, tu peux pas te cacher longtemps sur ce que tu es profondément quand tu bosses tous les jours avec une personne qui va chercher ce que t’as au plus profond de toi pour écrire et le révéler au grand jour. C’est ce qui m’est arrivé sauf que c’est à moi-même que je me suis révélée. Du coup, quand Axiom s’est rendu compte que j’étais chanteuse, il m’a juste dit que je devais être moi-même jusqu’au bout. Quand tu bosses avec de vrais artistes, tu finis forcément par bosser sur tes essentiels et te concentrer. Il est le patron de Keakr et c’est un vrai artiste, il est complet. Beatmaker, auteur, ingénieur du son, il a Hachim Bahous aussi avec lui, un des meilleurs graphiste au monde.. Tous sont nordistes même s’ils bossent dans le monde entier aujourd’hui. C’est un honneur pour moi qu’ils me soutiennent. Du coup, je voulais être à la hauteur. Et en travaillant encore plus j’ai fini par trouver ma vraie voie.

C’est un virage qui ne permet pas de demi-tour ?

Dans la vie il n’y a pas de demi-tour, on ne peut qu’avancer. J’ai la chance d’être bien entourée. Je grandis, j’ai mûri, j’ai appris à devenir professionnelle. Ce projet est le fruit d’une vraie collaboration entre artistes.

Alors, maintenant que tu es lancée, on doit s’attendre à trouver quoi sur la route d’Andrea Rose ?

J’ai l’intention de sortir un titre par mois minimum. C’est-à-dire un clip par mois, jusqu’au gros single, et j’aimerais continuer comme ça le plus longtemps possible jusqu’à ce que mon album soit prêt à sortir. C’est quand même le rêve de tout artiste. Évidemment, le but ultime est la scène. J’ai déjà le trac car j’en ai jamais fait mais j’ai confiance en l’avenir car encore une fois on ne peut pas avancer seul, il faut une équipe sérieuse et bienveillante autour de soi. J’ai la chance d’en avoir une. Je dirais que la suite sera celle que la vie m’écrira et que je ferai du mieux que je pourrai pour donner le meilleur de moi-même chaque jour dans la réalisation de mon rêve.

Merci Andrea Rose

Merci Scolti !

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