François Bou

Non, pas du tout ! à Lille, l’ONL est en pleine santé artistique, la situation financière est saine. Ma mission est à la fois simple et délicate : faciliter la succession du chef fondateur. Son ADN en 40 ans est le marqueur de l’Orchestre. Puis, continuer l’exigence de l’excellence artistique. programmer autant de concerts en région, fidéliser et faire venir en plus grand nombre le public dans l’auditorium de Lille à l’acoustique exceptionnelle, relancer un projet.

Le public évolue ?

On est dans une société du zapping ! La télévision passe beaucoup de clips ; Radio classique a fait son succès en ne diffusant que des morceaux comme si on ne lisait que des résumés de livre !

Un concert, c’est s’asseoir et écouter ; inciter à  « penser par les oreilles »

 Pour cette raison, on travaille sur la qualité du son. Les travaux dans l’auditorium ont duré 18 mois ; il est donc nécessaire d’inciter le public à le découvrir ou à y revenir.

Avec la Région, on réfléchit à la création d’une Maison de la Musique, un lieu qui resterait ouvert et animé en dehors des concerts. On travaille aussi sur l’accueil, l’aménagement du bar, la création d’une boutique.

Par ailleurs, la concurrence aussi évolue. Par exemple, Caroline Sonrier, directrice de l’Opéra de Lille fait un travail remarquable. Nous devons donc renforcer nos ventes.  Nous devons dépasser nos 180.000 auditeurs actuels au regard d’une population régionale de 4 millions.

Votre programmation est devenue très variée.

Notre objectif est de faire venir un nouveau public qui appréciera plus tard le grand répertoire symphonique. Ainsi, ont été créés les ciné-concerts avec projection de films sur grand écran. De même, une nouvelle série de concerts « Famillissimo » a été conçue à des horaires et des thèmes adaptés aux familles. La formule pause-déjeuner « les concerts-flash » lancée en 2013 continue. Le public est aussi accueilli lors des avant-concerts, des répétitions ouvertes.

Vous venez de bénéficier d’un studio numérique exceptionnel ?

Oui, nous sommes le premier orchestre d’Europe à être équipé d’un système mobile de haute technologie entièrement numérique. Grâce à cet ensemble, les contenus numérisés seront interactifs, audiovisuels et connectés. Il s’agit de démultiplier la projection immatérielle de l’orchestre.

Les 12, 13, 14, juin a lieu le Lille piano festival ?

Ce sera la douzième édition. Trois jours de festival, une cinquantaine  d’artistes, le rendez-vous incontournable des amoureux du piano. En particulier, le « Prométhée » d’Alexandre Scriabine sera un évènement exceptionnel. Son idée visionnaire d’une symphonie sonore et colorée sera réalisée grâce à une création mêlant lumières et vidéo projection, d’où le titre du festival «  Piano Chromies ».

Ces rencontres participent aussi à notre politique d’ouverture et de diversification des publics puisque 80% des participants à ces trois jours ne sont pas encore des abonnés de l’Orchestre.

Le lancement de la saison des 40 ans de l’Orchestre commence par un évènement exceptionnel ?

Oui, le 17 juillet, les 100 musiciens de l’Orchestre et 200 choristes seront dirigés par Jean-Claude Casadesus au stade Pierre Mauroy qui pourra contenir 13.000 places dont la moitié à 10€. Au programme : Fanfare pour précéder la Péri de Paul Dukas, le Boléro de Maurice Ravel et Carmina Burina de Carl Off.

Pour terminer cet entretien, puis-je vous poser quelques questions inspirées du questionnaire Marcel Proust ?

Pourquoi pas !

Qu’est-ce-qui-vous rend heureux ?

Un projet réussi.

Qu’est-ce-qui vous énerve le plus?

La mauvaise volonté.

Quelle est la forme d’art qui incite le plus à la spiritualité ; la peinture, la musique ?

L’art se mêle ; en 2004, j’avais demandé au jeune et talentueux compositeur Thierry Escaich de créer une transcription musicale du tableau « La descente de Croix » de Rubens exposé aux Palais des Beaux-Arts de Lille. Saisi par ce tableau de la mort du Christ, l’effarement, le doute des apôtres qui se détournent, l’attente de la résurrection, l’artiste a créé une œuvre admirable suscitant fièvre et espoir « Vertiges de la Croix ».

Votre passetemps préféré en dehors de votre métier ?

La lecture.

La blague que vous aimez faire ?

Chercher chaque jour les plus mauvais jeux de mots.

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