« Serge & Jacqueline »

La photographe Laure Vouters revient avec une œuvre particulièrement attachante :
Serge & Jacqueline, un livre et une exposition sur la vie d’une famille de Lille-Sud, simple
et secouée par l’existence.

L’histoire de « Serge et Jacqueline » se présente comme une ode à l’amour, dans un monde complexe, au milieu des turpitudes de la vie. Lauréate du concours Sophot 2018, Laure Vouters nous immerge dans une histoire simple et belle comme un conte de Noël !

Cette série (2015-1018) conjugue photos et récit oral retranscrit, mais elle se distingue du roman-photo, romanesque par définition. Car elle relève d’une approche sociale visuelle, d’une sorte d’analyse sociologique sans prétention scientifique. Sa finalité première est d’exprimer au plus près les sentiments et la vie d’une famille, très modeste non précaire et portée par sa religiosité, ses impulsions de consommation ou d’habitat, une solidarité familiale et sociale de quartier populaire. De la singularité du regard surgit un morceau de cette France dite périphérique. Si, en trois ans de rencontres hebdomadaires, Laure Vouters a rassemblé 9000 clichés, elle n’en montre qu’un petit nombre en évitant le trop intime ou la stigmatisation de ceux qui la considèrent désormais comme membre de leur famille. Elle ne traque pas la vérité à tout prix, elle n’enjolive pas non plus. En consignant la mémoire que Jacqueline ne sait pas écrire, elle construit aussi son style photographique via la singularité de cette relation.

Il n’y a ni voyeurisme, ni misérabilisme, mais une tendresse du regard dans ce qui constitue de fait un album de famille. Les personnages ou les scènes de la vie, parfois cocasses, expriment une beauté simple et prévalent sur les portraits posés. Les trois protagonistes sont unis par la photo : comme désir d’images dignes de soi, comme expression réparatrice des incidents de la vie, de soutien moral face à la maladie qui demeure voilée.

Jean Deuzèmes – Voir & Dire

Le livre :
« Serge & Jacqueline »

sortie le 6 octobre,
Edition SOPHOT,
25 €, 148 pages


Un réalisme social filtré par la compassion

« Parce que leur histoire d’amour est belle, Jacqueline veut la raconter, comme un désir d’éternité. En 2008, elle s’est mariée avec Serge, son amour de jeunesse. Perdu et retrouvé trente ans plus tard, au décès de son premier mari. Ce jour-là, la pluie me surprend. Je m’abrite sous un porche déjà occupé par un homme et une femme, c’est l’heure de la promenade des chiens. Elle me dit bonjour, voit mon appareil photo. Nous échangeons quelques paroles…

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