Léopold Simons

Simons et Line Dariel.

Que de souvenirs pour les Lillois d’ un certain âge.

On les entendaient à la radio, on les voyaient à la télévision (en noir et blanc, eh oui, ça  existait ). Ç’a nous faisait rire, car quelque soit la classe sociale, à l’époque, on comprenait encore le patois. A l’école, nous les imitions, les filles étaient des Zulma et nous des Alphonse. Ça faisait rire les professeurs, et pourtant ils étaient plutôt sévères et austères. C’est dans une petite maison de la rue Bossuet, un 22 février 1901, que Marie Castelain, ouvrière textile, mit au monde un bien joli garçon.

-Che mi que vlaaa ! dit l’enfant.

-Zegt hij el tiot ? demanda son père, Joseph Campenhout, plombier  flamand qui comprenait mal not parlache.

-J’va l’nommer Léopold Simons. Ché biau com nom.

-Het past haar  goed, a chtiot gars.

Dans la famille on se comprenait comme on pouvait, mélangeant le patois et le flamand, mais ça n’empêchait pas de s’aimer.

Et comme Simons  dira plus tard  :

« L’francais j’ai du l’apprinte, l’patois m’est v’nu tout seu « 

La famille quitte assez vite le quartier de Moulins pour s’installer au Faubourg des Postes. Joseph reprend un petit estaminet prés du cimetière du sud : Au P’tit Zouave. Un quartier que Simons aima passionnément. Enfant il a toujours un crayon à la main, ses croquis font l’admiration de son instituteur et du voisin pharmacien. Tous deux réussiront à convaincre les parents de l’envoyer suivre des cours de dessin, à l’école Michelet de la place St Michel. Élève studieux, à 12 ans, il passe sans difficultés son certificat d’études. Pendant la  guerre, comme tous les Lillois, sa famille survit tant bien que mal, on se débrouille, et pour aider ses parents, il dessine des motifs décoratifs pour les tombes du cimetière tout proche. La paix revenue, Simons entre à l’école des Beaux Arts de la place du Concert, dans la classe de  Pharaon de Winter, et se mêle  avec grand plaisir à la vie mouvementée du  milieu étudiant Lillois. Ces futurs médecins, avocats, hommes de lettres, en font même leur chouchou tant il les amuse et les fait rire. Plus tard il avouera que c’est à leur contact qu’il s’est  forgé une culture qu’il n’aurait jamais connu autrement.

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