Martine Filleul

1ère Vice – Présidente du Conseil Général du Nord et Conseillère Générale du Canton de Lille-Centre

Bonjour Martine Filleul ; merci d’avoir accepté cette interview. Ma première question  portera sur votre parcours professionnel. J’ai lu que vous aviez suivi des études littéraires ?
Ma formation au début est effectivement littéraire puisque j’ai une maîtrise de lettres modernes. Mais, le plus important pour moi, c’est mon diplôme d’études approfondies de sociologie urbaine et  mes travaux à l’école d’architecture de Villeneuve d’Ascq en qualité d’ingénieure de recherches ; tout ce qui touche au vivre ensemble m’intéresse.

Votre activité professionnelle ?
D’origine modeste, j’ai d’abord été pionne pour payer mes études, puis j’ai été fonctionnaire à l’Equipement.

Votre premier mandat politique ?
J’ai été élue sur la liste de Pierre Mauroy en 1995 conseillère municipale. Ensuite, j’ai été adjointe de Martine Aubry chargée du tourisme et des relations internationales jusqu’en 2014.

Vous avez aussi été élue au Conseil Régional ?
Oui, j’ai été élue sur la liste socialiste en 1998 ; j’ai été nommée vice-présidente chargée de l’apprentissage et de l’Europe jusqu’en 2008.

2008, c’est l’année de votre première élection personnelle ?
Oui, en 2008, je suis élue Conseillère départementale sur le canton de Lille-Centre détenue par la droite ; je démissionne donc du Conseil Régional.

Les législatives ?  Vous étiez l’adversaire habituel de Marc Daubresse ?
Oui, trois tentatives, trois échecs mais c’était impossible de battre un Maire bien implanté.

Et en 2011, candidate à Cambrai ?
Oui, le même problème lié à la bonne implantation d’un maire.

Je constate que le parti socialiste  vous propos des élections difficiles ; on vous surnomme, parfois, le moine soldat ; vous ne faites pas partie des chouchous du Parti ?
Si vous le dites ! Je suis au service du Parti, ce qui ne m’empêche pas de défendre mes convictions.

Si un Maire est le mieux placé pour gagner les législatives, vous êtes pour le cumul Maire/ Député ?
Non, un mandat nécessite de plus en plus de disponibilité, de l’écoute et de la communication avec les citoyens.

C’est dans ce but que vous avez créé en 2012 un conseil de concertation de Lille-Centre ?
Oui, et  je ne suis pas la seule ; 60% des conseillers du département ont créé un conseil. Le conseil rassemble des personnes de toute sensibilité du canton ; c’est un lieu d’échanges, de suivi et d’explication des projets du département et aussi de propositions. Par exemple, le conseil de Lille-Centre a produit un avis sur la politique départementale des personnes âgées.

Le département ; vous êtes première vice-Présidente depuis 2014, chargée de l’aménagement du territoire, du développement économique et rural. Quelle est la mission essentielle du département ?
Une mission est  obligatoire : c’est celle d’assurer la solidarité entre les habitants et entre les territoires. Ensuite, le département a souhaité aller plus loin et s’est engagé dans des politiques volontaristes. Par exemple, le département ne pouvait se contenter de verser des allocations ; il a voulu participer à la lutte contre le chômage.

Que veut dire promouvoir la solidarité entre les territoires ?
La Métropole est une formidable locomotive mais il ne faut pas que les autres territoires soient à la traîne. Un exemple : pour le haut débit, les opérateurs privés sont concentrés dans les zones urbaines ; ils ne sont pas intéressés par les zones rurales. Dans sa mission de solidarité entre territoires, le département participe avec la région au financement du haut débit dans ces zones moins urbaines.

Malgré cette diversité de missions, l’existence même du département a été remise en cause ? Ce n’est pas facile de faire une campagne quand les compétences du département ne sont pas encore définies.
C’est du passé, le 1er Ministre  a réaffirmé le rôle du département dans son socle obligatoire. La création de grandes régions confirme d’ailleurs la nécessité du département.

La clause de compétence générale qui permet au département d’étendre ses compétences a été de nouveau adoptée, puis abrogée ; qu’en pensez-vous ?
Je suis favorable à son maintien ; cela permet d’être plus près du terrain et d’agir rapidement. Pour autant, je suis d’accord pour clarifier nos compétences et simplifier les modes de financement des projets locaux.

Cette polyvalence est pourtant une des causes du nombre important de fonctionnaires territoriaux et d’élus ? Le % d’élus par habitants en France est, de très loin, le plus important d’Europe.
Ce pourcentage élevé tient en grande partie à nos 36.000 communes. Je vais vous surprendre mais je suis pour leur maintien. La proximité avec les élus locaux est essentielle au lien social. Cela étant, le département les encourage à travailler ensemble, à signer des contrats de territoire.

Vous n’êtes donc pas favorable au regroupement des communes en intercommunalité de 20.000 habitants ?
Dans l’immédiat, non ; le passage à 5.000 n’est déjà pas facile ; il faut du temps pour apprendre à travailler ensemble.

Quels sont les principaux changements des élections départementales de Mars ?
Essentiels : d’abord, cette élection concerne l’ensemble des conseillers élus pour six ans ; ensuite, on vote pour un binôme une femme/un homme. Ainsi, il y aura 50%de femmes dans la nouvelle assemblée et non 16 % comme actuellement. Enfin, pour ne pas doubler le nombre d’élus, le nombre de cantons a été divisé par deux.

Merci Madame Filleul pour votre accueil sympathique et pour vos réponses directes.

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