Jeanne Maillotte la Lilloise

Je peux vous l’avouer, Wazette est amoureux de toutes les Lilloises mais Jeanne Maillotte tient dans son cœur une place à part. Patronne de cabaret, maîtresse femme, célèbre dans toute la région.

On se précipitait chez elle pour entendre le récit de ce qui s’était passé ce fameux dimanche du mois d’août 1582, à tel point qu’elle avait dû rameuter ses deux cousines, pour pourvoir servir la clientèle. Manquait plus que la bande à Paulo pour mettre de l’ambiance, mais c’est une autre histoire.

à la fin du XVIéme siècle

C’est la pagaille dans notre belle région. Catholiques et protestants, pour d’obscures questions de doctrines, se tapent allégrement dessus. Le 29 juillet 1582, des calvinistes revanchards, venus de Menin, Courtrai et Mouscron, pilleurs et bandits de grands chemins, décident de venir se venger de la raclée qu’ils avaient reçue devant Tournai quelques temps  auparavant.

Profitant d’un beau dimanche ensoleillé, alors que nos pieux Lillois étaient en prière aux vêpres, ces hurlus, comme ils s’appelaient, ces lâches, ces sans-foi, profitèrent de ce moment de recueillement pour s’introduirent incognito, dans les cabarets du faubourg de Courtrai. (actuelle rue de Gand). à un signal donné, ils sortent leurs armes et font feu sur nos braves bourgeois inoffensifs.

Alerté par le bruit, un passant monte sur les remparts, les bandits l’abattent d’un coup d’arquebuse. La confrérie des archers de St Sébastien, à l’entraînement (sur l’actuelle place aux bleuets) accourt et tire flèches sur flèches. Jeanne Maillotte, sans peur et sans reproche, bondit de derrière son comptoir, une hallebarde à la main et fonce tête baissée sur ces assassins. Les assaillants ne sont plus que torches fumantes, leurs cris sont horribles.

C’ est sauve qui peut chez les envahisseurs, d’autres valeureuses surgissent sur les remparts jetant des bassines d’huile bouillante au visage des gredins. Lille était sauvé par des femmes de chez nous, le courage des Lilloises n’est pas une légende. Depuis, nous nous entendons très bien avec les Courtraisiens et les Mouscronois, surtout autour d’une bonne gueuze. Par contre, ils évitent soigneusement l’avenue de Peuple Belge, de peur du brutal réveil de Jeanne, notre héroïne.

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